vendredi 1 avril 2016

LES ENJEUX ETHIQUES DE LA REVOLUTION INFORMATIQUE DANS LA FAMILLE SELON Patrick CHALMEL



 

 

  

 

INTRODUCTION GENERALE

Le monde actuel, dans son ensemble, voit se constituer de nouvelles possibilités
technologiques à la portée de l’homme. Ces transformations sont moins négligeables non seulement dans les milieux de vie professionnelle, notamment grâce au progrès rapide de l’informatique mais aussi elles gagnent de plus en plus du terrain dans la famille.
Étymologiquement, « Familia » ou la famille, est l’ensemble de serviteurs. C’est un groupe d’individus qui ont entre eux des liens de parenté ou d’alliance définie. C’est aussi une succession d’individus qui descendent les uns des autres et de ceux qui leur sont unis par alliance. Plus spécialement, et surtout dans les sociétés contemporaines, la famille est le groupe formé par le père, la mère et les enfants[1]. 
C’est cette dernière forme de famille qui constitue notre champ d’action où le souci est de porter une réflexion sur les enjeux éthiques de la révolution informatique. Celle-ci se comprend comme la science et le traitement automatique de l’information. Notre tâche ayant été de démontrer avec Patrick Chalmel, comment les résultats de l’informatique sont usités dans nos différentes familles, nous découvrirons comment les machines sont passées du milieu de travail à la famille. Parler de la révolution informatique dans la famille, c’est autrement dit mener une étude sur le sujet humain et sur des machines mises en sa disposition en tant qu’instruments de travail. Alors, il est urgent de reproduire un raisonnement sur l’utilisation de ces outils  afin de saisir à fond les conséquences qu’ils entraînent dans ce foyer social.
Notre travail s’appuie sur Patrick Chalmel dans son ouvrage, « L’Entreprise de demain et le travail des hommes, Technologies, Valeurs et modes de vie(Ed. Mame, Paris, 1992)». Patrick Chalmel est né à Paris le 27 mai 1952. Il est docteur en Philosophie et juriste spécialisé en droit social et sciences politiques. Il a été professeur  de Droit en IUT de Biologie appliquée à l’Université de Paris-Val-de Marne, directeur des études dans un Institut de formation aux relations sociales et syndicales. Responsable de l’observatoire des relations sociales de la Cegos, Patrick Chalmel a été officié de marine de réserve, directeur de la collection Repères, auteur de l’hebdomadaire « Famille chrétienne » et directeur de « Quorum » depuis deux mille treize. Il est actuellement Retraité et vit à DrageyRonthon, en France[2].
Si notre auteur, Patrick Chalmel, a fourni un effort d’apporter au public un produit de sa réflexion sur d’importantes mutations technologiques liées en grande partie au progrès de l’informatique , de la robotique et de la télématique qui produisent des changements inéluctables concernant l’organisation des entreprises, la nature du travail des hommes  ou les relations sociales, il a été  question, à ce qui nous concerne, de réfléchir sur les enjeux éthiques de la révolution informatique dans la famille en crise avec le souci de cerner les conséquences qu’elle entraîne. Ainsi notre travail est en quelque sorte une sonnerie d’alarme pour éveiller la conscience de chaque famille afin d’attirer son attention sur les enjeux de nouvelles technologies.
Notre recherche évoluera en deux grands moments. Ainsi, s’agira-t-il, dès le premier abord, d’esquisser en grands traits la nature du travail de l’homme. Dans la suite, nous parlerons des nouvelles technologies dans les domaines du travail. Une conclusion générale sanctionnera notre investigation.

PREMIER CHAPITRE : LA NATURE DU TRAVAIL DE L’HOMME

INTRODUCTION

           Depuis la création, le travail se présente comme un facteur incontournable dans la vie de l’homme. Celui-ci doit travailler pour gagner son pain. Voilà pourquoi le travail reste la première motivation qui anime tout être humain sous peine de vivoter. C’est cela qui nous pousse à analyser, dans ce premier chapitre, la nature du travail de l’homme dans son milieu professionnel. Et puisque l’homme est pris, ici, en son sens général, nous établirons une minime distinction entre le travail de l’homme et celui de la femme dans l’entreprise. Aussi examinerons-nous l’égalité entre ces deux sujets. En plus, nous porterons notre attention sur l’avenir du travail de l’homme dans une société en pleines mutations technologiques et idéologiques, pour chercher à savoir si la dignité de l’homme est encore prise en compte. Telle sera la grande préoccupation à laquelle portera toute la réflexion de ce premier moment de notre énoncé.

I.                   1. LE TRAVAIL DE L’HOMME DANS L’ENTREPRISE

            L’entreprise de notre siècle a déjà un nouvel  état d’esprit avec l’apport de nouvelles technologies. L’on peut se rendre compte que dans les siècles passés, il appartenait à l’homme d’écrire à la main, de nettoyer les bouteilles, si nous sommes dans une brasserie où il  s’occupait également de l’embouteillage. Avec l’introduction de nouvelles technologies dans les entreprises, les travaux à caractère manuel et artisanal, qui revenaient à l’homme, sont à la portée des machines appropriées. Avec l’expérience, d’après Patrick Chalmel, « On en est venu maintenant  à se réaliser que rien n’est plus perfectionné que l’homme »[3]. Raison pour laquelle l’homme trouve encore de la place dans l’entreprise à cause de ses facultés telles que « l’intuition, le bon sens, le bon goût, le sens esthétique, les capacités relationnelles, le dynamisme, le jugement, le sens créatif et les capacités d’innovation, la volonté, les qualités de caractère, la faculté d’adaptation, le sens de la belle ouvrage et de la qualité, le génie inventif,  la motivation »[4].
            Nous retiendrons ici que le sujet humain a naturellement la lourde tâche d’accomplir un travail. Et ce doit être rémunéré suivant la forme de contrat  conclu entre l’employeur et l’employé. Quelle que soit sa forme, le contrat doit être respecté.

1.1. Le contrat du travail

Dans les entreprises comme dans tous les autres milieux de travail, il est conseillé de signer un contrat du travail entre l’employeur  et l’employé en vue d’éviter tout déséquilibre.

1.1.1.Sortes de contrats du travail

Patrick Chalmel en distingue deux sortes : le contrat précaire et le contrat normal. Tout porte à savoir, pour nous, ce que c’est, le contrat précaire et le contrat normal. Dans quelle mesure ces formes d’emploi sont-elles légitimes ? Pourquoi doit-on limiter leur usage ?

1.1.1.1. Les contrats précaires

             L’auteur dont il est question dans notre  travail définit les contrats précaires comme « des contrats à une durée déterminée c’est-à-dire des contrats qui prennent fin automatiquement dès lors que l’objet pour lequel ils ont été conclus est réalisé. Ces formes de contrats sont légitimes parce qu’elles répondent à un besoin qui peut être satisfait par des embauches normales »[5]. Ces contrats présentent un danger étant donné qu’ils sont limités. Il suffit d’atteindre la date fixée pour les rompre.
               En cas de non payement, le salarié se trouve bloqué. Il ne sait pas revendiquer son droit de peur que son contrat ne soit renouvelé. Et par conséquent, un père ou une mère de famille n’arrive plus à répondre aux besoins de son foyer c'est-à-dire  de s’acquitter du devoir de nourrir ses enfants, les habiller ou  les scolariser. Payer le loyer, l’électricité, l’eau, devient toute une affaire. C’est ici que le Pape Jean-Paul II dégage quelques difficultés du même genre. Il dit : « dans les pays du Tiers-monde, les familles manquent souvent aussi bien des moyens fondamentaux pour leur survie, tels que la nourriture, le travail, le logement, les médicaments, que des plus élémentaires libertés »[6].Voilà pourquoi le nombre d’enfants de la rue ne cesse de croître et les sans-emplois deviennent de plus en plus nombreux dans les pays du tiers-monde.

1.1.1.2.Le contrat normal

                 Le contrat normal est celui, comme nous rapporte Patrick Chalmel,  « le contrat à durée indéterminée à temps plein. C’est un engagement réciproque  par lequel un salarié se met au service d’un employeur, selon un horaire hebdomadaire et en échange d’un salaire fixé par la loi ou la convention collective de la profession et c’est pour une durée indéterminée »[7].
             Par contre, ce genre de contrat, puisqu’il est dit indéterminé, ne peut être rompu que pour un motif réel et sérieux, c'est-à-dire, que pour une raison effective méritant le renvoi du salarié.  Si celui-ci a commis une faute grave, la législation du travail prévoit un préavis. Il n’est donc pas question pour l’employeur  de prendre des décisions de n’importe quelle manière. Le salarié aura droit de revendiquer s’il n’a pas été averti au sujet de son licenciement.

1.2. Egalité de l’homme et de la femme au travail

                La question de l’égalité de l’homme et de la femme a toujours été préoccupante. L’on sait que dans la famille ou dans le foyer, la femme est ménagère. Elle s’occupe de la cuisine, elle prend soin de ses enfants, se consacre à leur éducation, à leur vie morale et chrétienne. Elle a le sens affectif, elle plaît à son mari, à ses enfants et au monde extérieur.
               En outre, le mari est la tête, le chef, le responsable. Son rôle est de répondre aux besoins et de son épouse et de ses enfants. Le pape Jean-Paul II estime que « à l’intérieur de la communion qu’est la communauté conjugale et familiale, l’homme est appelé à vivre son don et son rôle d’époux et de père »[8].Pour ce qui est de la femme, il dit ceci : « au sujet de la femme, il faut noter avant tout sa dignité et sa responsabilité égales à celles de l’homme : cette égalité trouve une forme singulière de réalisation dans le don d’eux-mêmes à leurs enfants : un tel don est propre au mariage et à la famille »[9]. Dans la famille, chacun de deux parents répond aux besoins de la famille selon ses qualités propres ou selon les charismes spécifiques.
             Au travail, parler de la parité homme-femme constitue un débat incontestable de notre siècle. Patrick Chalmel ne s’y dérobe pas.
Pour lui,
« au lieu de cette conception réductrice de l’égalité, il est plus épanouissant pour les femmes comme pour les hommes de s’appuyer sur la réalité qui nous parle d’une égalité de complémentarité. En moyenne, les goûts, les aptitudes, les facteurs de motivation, les façons d’appréhender les problèmes et  la manière de concevoir le travail de la femme et de l’homme au sein d’une équipe ne seront pas identiques mais complémentaires »[10].
            Il a tout simplement mis l’accent sur les aptitudes de chacun. En réalité, ce que réclame la femme aujourd’hui, c’est cette émancipation de la femme opprimée. La discrimination faite à la femme consiste dans le fait qu’on n’a pas reconnu les qualités qui sont en elle. Elle s’est alors rendu compte qu’elle peut aussi travailler comme l’homme et jouir des mêmes droits que lui. Ainsi faudra-t-il promouvoir cette égalité dans son acception de complémentarité.

II.                 2. LE DEFI A RELEVER DANS LES ENTREPRISES

                Les entreprises de notre siècle se trouvent butées au problème d’emploi. Les employeurs ne savent quoi faire puisque le contrat signé avec les employés était pour la plupart à une durée indéterminée. Face aux nouvelles technologies, ils se rendent compte que point n’est besoin soit d’engager un personnel pouvant s’adapter à ces méandres mutations technologiques, soit de respecter le contrat et procéder à la formation des salariés quel que soit leur âge. « Au lieu de changer de personnel pour changer de savoir-faire, l’entreprise forme peu à peu son personnel pour qu’il change de métier »[11], s’il nous faut reprendre le regret de Patrick Chalmel.
                Il y a là, un danger, puisque le temps que l’entreprise forme son personnel, elle court le risque de perdre en compétitivité et prendre un retard mortel par rapport à la concurrence. Imaginons-nous un secrétaire d’une entreprise qui a si longtemps travaillé à la dactylographie, pourra-t-on le renvoyer alors qu’il est en contrat indéterminé et qu’il inspire confiance en son directeur ? Ou bien faudra-t-il le remplacer par un jeune de vingt-deux ans puisque celui-ci traite bien de programmes à l’ordinateur au détriment du salarié qui a vingt ans de service ? A supposer que sous le poids de l’âge, l’ancien secrétaire n’est plus apte à être formé à l’informatique, que faire ? De quoi va-t-il vivre ? Nous pensons, ici, à toutes ces populations de plus en plus nombreuses qui n’auront pas accès à un emploi salarié. Voilà un grand défi qui guette aujourd’hui les milieux de vie professionnelle. On peut imaginer des solutions avec Patrick  Chalmel : « Nécessité fait loi et il n’y a pas d’économie sans marché. Les entreprises ultrarobotisées et hyperproductives de demain ne subsisteraient pas longtemps si la plus grande partie de la population, demeurant sans ressources suffisantes, s’avérait incapable d’acheter leur production»[12].

I.                   3. L’INFORMATIQUE, UN OBSTACLE A LA MOBILITE DU

PERSONNEL

               La révolution informatique, disons-le, a un impact très fort non seulement sur la nature du travail de l’homme mais aussi sur le lieu de travail.  Lorsqu’on fait une observation sérieuse dans les différents milieux de travail, l’on se réalise qu’il y a une certaine mobilité du personnel parce qu’il y a des travaux qui ne nécessitent pas une stabilité mais un déplacement.
               Dans cette perspective, l’auteur nous rapporte que bien de lieux de travail commencent à se développer dans les moyens de transport. On reconnaît déjà ces avions de la jet set society et quelques wagons de chemin de fer, dotés de salons pour hommes d’affaires, avec bureaux, terminaux d’ordinateur, téléphones, télex et autres télécopieurs. Cela porte à croire que désormais, des gens sont amenés à se déplacer ainsi pour leur métier, non seulement les commerçants mais également nombre de techniciens, communicateurs, négociateurs et autres organisations. En résumé, nous dirions à ce niveau avec Patrick Chalmel que :
« Grâce à ce forum nouveau style que tend à devenir le réseau des ordinateurs et banques de données à travers le monde, chaque personne au travail sera en effet connectée à une sorte de bibliothèque planétaire par son ordinateur relié au téléphone, et passera un temps non négligeable à rechercher et à assimiler l’information la plus récente mise à jour dans son domaine d’activité »[13].
             Dans les usines, sur les lieux même de la production, la présence effective des hommes sera de moins en moins bien supportée par les machines. Le travail des hommes, qu’il s’agisse de collectage et d’analyse d’informations, d’imaginations, de prévision, de prises de contact, d’organisation, s’exercera pour une part à la maison grâce au télétravail et aux différents moyens de contrôle et de télécommunication. Grace à la téléconférence, chacun s’entretiendra avec ses collègues qu’il pourra même voir, tour à tour ou simultanément sur les fenêtres de l’écran du minitel. Il commandera même des robots, des drones, des voitures à partir de sa maison, il causera avec des gens à distance. C’est ici qu’il faut aussi souligner l’importance du téléphone portable qui, aujourd’hui, est  indispensable à la télécommunication directe et se transforme petit à petit comme une autre partie du corps. Une fois qu’on l’oublie ou qu’on le perd, c’est comme si c’est un organe que l’on a manqué ou égaré[14].

CONCLUSION

              Arrivé à la fin de cette  première partie de la réflexion sur les enjeux éthiques de la révolution informatique, disons que, notre attention s’est focalisée sur la nature du travail de l’homme et là nous avons dit que  le sujet humain se conçoit comme un être toujours à l’œuvre. Il travaille de ses mains et ses facultés lui sont d’une importante nécessité pour se rendre apte à toutes les activités dont il est capable. Dans la suite, nous avons montré en quoi l’homme et la femme se distinguent du point de vue de leurs capacités et de leurs facultés dans la manière de travailler. Leur égalité valait la peine d’être analysée.
                Patrick Chalmel, lui, propose de parler de l’égalité dans la complémentarité plutôt que de la comprendre comme une simple parité. Quelle que soit la forme de contrat, le travailleur mérite salaire. Face à l’influence de nouvelles technologies sur le travail de l’homme, dans les milieux de travail, notamment dans les entreprises, la dignité de l’homme et de la femme doit être respectée. Ainsi, étant donné que l’informatique est devenue un obstacle à la mobilité du sujet humain, le télétravail, la téléconférence et tous les autres moyens de télécommunication sont passés des milieux de travail à nos maisons et familles respectives. C’est ce qui fera l’objet du deuxième chapitre.












DEUXIEME CHAPITRE : LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS LA

                                                                 FAMILLE

INTRODUCTION

            Les nouvelles technologies sont, on n’en pas douter, au service de l’homme. La famille ne peut plus s’en passer. Dans ce chapitre, nous tâcherons de comprendre comment elles sont au service de l’homme. Aussi analyserons-nous les conséquences qu’elles peuvent entraîner sur le travail de l’homme, plus précisément sur son économie, son éthique, son social et sa santé dans la famille.

II.               1. Les nouvelles technologies au service de l’homme

             Disons, d’entrer de jeu, avec Patrick Chalmel, que :
« Loin d’être une menace pour la qualité du travail des hommes, les mutations technologiques doivent être accueillies comme une libération des qualités proprement humaines dans l’entreprise. Pour la production des biens matériels, les hommes vont être progressivement déchargées de tout ce qui peut être fait par des robots, c'est-à-dire de tous les travaux courants de l’entreprise »[15].
L’homme se voit allégé puisque le travail qu’il faisait de ses propres mains est désormais accompli dans un laps de temps par des machines. Raison pour laquelle l’auteur renchérit en disant que :
 « L’entreprise de demain sera une entreprise qui conjuguera au mieux les ressources de l’informatique, de la bureautique, de la télématique et de la  robotique. Celles qui ne le feraient pas, ou trop tard, seraient destinées à mourir faute d’être complétives : elles seraient trop lentes, trop chères et incapables d’adapter rapidement leur production aux fluctuations tant qualitatives que quantitatives de la demande des clients »[16]. 
             Ce qui compte pour les entreprises, c’est de voir le travail être exécuté à un moindre coût. De nombreux travaux sont désormais pris en charge par des machines. Le travail que cent personnes feraient dans un bon nombre d’heures, la machine se voit capable de le réaliser dans un laps de temps. Bien que l’homme puisse intervenir, la machine est déjà capable d’assurer ce qui ne fait pas nécessairement appel aux facultés humaines. A ce point de vue, signalons que de la même façon, l’homme sera largement assisté par l’ordinateur dans le domaine administratif. Qu’il s’agisse de la gestion commerciale, de la gestion de la production ou des approvisionnements, de la gestion du personnel ou de la gestion comptable, l’homme cédera sa place à la machine pour toutes les tâches susceptibles d’être automatisées.
II.2. Importance de l’homme malgré la présence des nouvelles technologies
Aujourd’hui, dans la famille, il y a un  nouvel esprit de voir les choses grâce à la révolution de l’informatique. Par exemple, chez les commerçants tout comme chez les dirigeants, les machines facilitent le travail. Alors l’homme, au moyen de ses facultés, n’exerce que le contrôle sur le travail des machines.
               Et Chalmel de dire que «l’homme se comporte davantage comme un chef préparant des innovations, donnant des ordres à des esclaves et contrôlant la qualité du travail, comme un exécutant. En d’autres termes, il se débarrasse de toutes tâches serviles »[17]. Aussi pouvons-nous  dire, ici, que les machines ne peuvent en aucune manière substituer l’homme. Il est inconcevable d’égaler l’homme à la machine par le simple fait qu’elle peut faire le même travail que lui. La machine est au service de l’homme et non l’homme au service de la machine. Cette dernière n’est qu’un outil qui sert à l’homme  de réaliser son travail d’une manière  rapide et sans beaucoup de peine. A titre exemplatif, un comptable assis dans son salon dispose désormais de son ordinateur pour lui permettre d’obtenir le résultat de son compte sans beaucoup de peine. Il lance des données et c’est à la machine de les traiter automatiquement  pour lui fournir l’information. Il n’est pas question de réciprocité dans le système, c'est-à-dire que ce n’est pas à la machine de commander le sujet mais celui-ci, la machine. Quelle est alors l’importance de l’informatique au service de l’homme ?
II. 3. Les avantages de l’informatique dans la famille
Nous avons ci-haut souligné que la révolution informatique a déjà facilité le travail à l’homme de notre siècle. Le travail est devenu facile à l’homme et la production est devenue plus étendue. Selon Jean Ladrière, « un des effets de cette forme d’organisation du travail, c’est de rendre possible la production sur grande échelle de biens à la fois diversifiés et très standardisés, et par ailleurs de rendre possible la réalisation en un point donné, de projets d’une très grande sophistication »[18]. Ce qui fait que l’homme ne peut plus s’en passer. Le micro-ordinateur qu’il possède allège la tâche à ses activités. Il permet même l’économie de ses énergies. C’est ici que nous pouvons souligner les atouts combien louables des robots régulateurs de la circulation routière placés dans les carrefours des pays développés ou en voie de développement. L’homme ou la femme qui passait des longueurs de journées en train de siffler, se trouve aujourd’hui ou mieux se trouvera assis au bureau pour ne percevoir que des taxes ou mettre de l’ordre là où il n’y avait pas la présence de la police routière.
              La révolution informatique permet en fait d’économiser le temps et d’épargner ses énergies intellectuelles afin que  la machine réponde inconsciemment ou  automatiquement aux problèmes de fonctionnement du travail. Ainsi l’homme n’a pas à chercher des solutions très loin, parce que tout est déjà programmé à la machine. Il est susceptible aujourd’hui de faire le travail à la maison grâce notamment à au télétravail, à la téléconférence, au téléphone et aux autres moyens de télécommunication. Avec son micro-ordinateur branché au réseau internet connecté à la maison même, le père de famille travaille, envoie des données et communique avec ses collègues. Les étudiants comme les élèves n’ont plus besoin de se déplacer pour consulter dans des cybers cafés puisqu’avec les micro-ordinateurs voire les téléphones ou les ipads, la recherche est devenue facile et se fait à la maison. Mais cela  entraîne des conséquences néfastes dans la famille et dans la vie humaine.

II. 4. Les désavantages de l’informatique dans la famille

                  Les sociétés industrielles de notre époque ne se passent pas de machines pour la réalisation de leur travail. Dans les siècles passés, les hommes travaillaient manuellement, chacun selon ses capacités. Aujourd’hui c’est désormais la machine qui fait ce travail. Il y a, par conséquent, une distinction entre le travail de la machine et celui de l’homme. Ici le danger est qu’on a besoin de l’homme rien que pour ses facultés sinon il n’est plus bon en rien, puisque les machines, comme les robots sont capables d’un bon nombre de travaux. « Mais en réalité, la technologie et les compétences de pointe ne font pas tout : il redevient essentiel pour se maintenir sur le marché, de mobiliser les hommes autour des objectifs communs de l’entreprise»[19]. C’est pourquoi, dans cette même perspective, Patrick Chalmel ajoute: « Là où la société industrielle, par la division de tâches, avait progressivement détruit le caractère humain du travail, les mutations techniques ont cette conséquence inattendue de rendre au travail humain sa dignité. On s’intéresse de nouveau aux personnes pour leurs facultés humaines  et on leur demande de les exercer dans leur travail »[20].Ceci nous pousse à déduire que plus les machines auront à réaliser ce que les hommes devaient faire, plus le taux de chômage sera élevé. Il y aura plus de sans-emplois comme dit Patrick Chalmel en ces mots :
« On s’oriente ainsi vers la disparition, non seulement des emplois ouvriers, mais également de la plupart des emplois administratifs tels que nous les connaissons, au profit d’emplois plus créatifs et plus qualifiés. Et cela n’est pas sans poser de problèmes au regard de la doctrine sociale de l’Eglise : que deviendront ceux qui n’auront pas les capacités d’accéder au niveau de ces qualifications nouvelles ? Ne risque-t-on pas de créer demain une société à deux vitesses avec, d’un côté, les plus doués et ceux qui auront eu la chance de recevoir une instruction de qualité, pour lesquels sera ouverte la voie d’une carrière professionnelle véritable, et, de l’autre, un grand nombre de laissés-pour-compte, condamnés à vivoter toute leur existence dans des régimes d’assistance ou des petits boulots »[21].
            Malgré cette méconnaissance de l’homme au travail, celui-ci gardera toujours sa place. La machine ne prendra jamais le dessus sur le sujet humain. « Celui qui persistera à gaspiller le temps de travail des hommes en leur faisant faire ce qui peut être confié aux machines, ou qui ne saura pas mobiliser en chaque femme et en chaque homme de l’entreprise ses qualités vraiment humaines perdra la compétition »[22], ajoute Patrick Chalmel.
            De cette façon, la révolution informatique entraîne l’homme à une certaine paresse. L’on se rend compte que l’homme ne se met plus au travail comme avant. Suite à la machine, il ne réfléchit plus pour faire telle ou telle activité. Il lui suffit de commander la machine pour arriver au résultat. Sa tendance est de glisser sur la pente de la facilité. Dans les écoles par exemple, les élèves ou les étudiants parlent et articulent correctement les concepts. Mais leur demander de les écrire est une toute autre affaire. Le calcul mental est battu en brèche. Ils recourent à la machine qui leur fournit automatiquement le résultat en corrigeant même les erreurs. C’est là un défi qui porte une matière à réflexion.

Une autre conséquence de la révolution informatique, c’est le chômage endémique des personnes moins qualifiées et âgés puisque, désormais, c’est à la portée des hommes forts et intelligents, capables de s’adapter aux nouvelles technologies. Ceux qui n’y arrivent pas retournent à l’artisanat. Certains parents sont devenus chômeurs du fait qu’ils ne s’adaptent pas à la formation  de l’informatique.

               Aussi observons-nous un certain individualisme dans les relations sociales. Les gens ne se visitent presque plus sous prétexte que les moyens de télécommunication ont déjà résolu le problème de déplacement. Nous pouvons toutefois ajouter que le fait de rester assis toute la journée, et peut être aussi la nuit, certaines maladies ne cessent de se développer. C’est le cas de l’obésité dans les pays émergeants. La cécité attaque à nos jours plusieurs personnes, les adultes comme les jeunes. Dans nos familles, nous constatons que les enfants, garçons ou filles, passent leur temps, chacun dans sa chambre en train de consulter et de télécharger des films à l’insu de leurs parents qui ne les maîtrisent plus. Les films pornographiques sont passés des salles de cinéma jusque dans les maisons voire dans les poches, non seulement des jeunes gens mais aussi des personnes adultes qui les désirent. Les enfants deviennent insaisissables et paresseux. Ils consacrent leur temps à ne suivre que les images sur des réseaux sociaux. Le travail manuel est négligé.
                   Les appels et les messages téléphoniques deviennent de plus en plus l’objet des divisions entre les couples. Tout appel qui tombe dans le téléphone de l’un des conjoints porte soupçon. On veut savoir qui a appelé et ce qu’il raconte. Il y a manque de confiance dans les couples. L’époux ou l’épouse veut, à tout prix, connaître les correspondants de son épouse ou de son époux. Ce qui amène parfois au divorce. Il n’y a plus de relation nette entre les parents et leurs enfants étant donné que chacun des membres de la famille, au retour du travail ou de l’école,  se retire dans sa cellule pour causer avec ses amis, correspondre avec ses collègues de classe ou de service.
Nous nous rendons aussi compte que la technique est en train de construire un monde artificiel. En effet, nous vivons dans un univers qui devient de plus en plus artificiel : nos maisons, notre alimentation, nos loisirs, notre environnement professionnel sont les produits de la technique. Campagnes, fleuves, montagnes sont envahis par des réalisations techniques : lignes électriques, barrages, centrales électriques, centrales atomiques, fibres optiques, antennes pour chaines de radios et pour postes de télécommunications, urbanisation à outrance et standardisée, autoroutes, canaux, panneaux publicitaires, cultures artificielles et tant d’autres. De plus, cette industrialisation incontrôlée engendre la pollution par ses déchets. La mer Baltique est devenue un dépôt d’ordures, la Méditerranéeprend la même direction ; la flore et la faune sont progressivement détruites, ce qui compromet l’équilibre naturel. Voilà autant de conséquences de la révolution informatique dont la famille n’est pas épargnée[23].

CONCLUSION

               Au terme de cette deuxième partie de notre énoncé, nous pouvons dire, en grossomodo, que les nouvelles technologies sont un bon serviteur de l’homme dans l’organisation des entreprises et de la famille. En plus, force est de constater que la révolution informatique trouve un bon accueil dans les domaines de la vie professionnelle. Elle permet à l’homme d’œuvrer sans perdre beaucoup plus d’énergie. La tâche est allégée, le travail est assoupli et l’homme ne reste qu’un gérant. La révolution informatique introduit petit à petit un nouvel état d’esprit en l’homme dans sa manière d’appréhender la réalité. Nonobstant l’incommensurabilité des méandres mutations technologiques, le travail de l’homme et celui de la machine vont de pair. Ils s’appellent mutuellement. La machine ne fait pas tout ce que peut réaliser l’homme, elle n’intervient que pour lui faciliter la tâche d’une façon automatique, rapide et souple. Outre tous ces avantages, les inconvénients ne manquent au rendez-vous jusqu’à devenir un problème difficile à décanter dans la famille.

CONCLUSION GENERALE
              Pour  clore notre réflexion, sans prétention aucune d’avoir épuisé  le sujet et devant contenir une note d’humilité, disons que les nouvelles technologies et le travail de l’homme ne sont vraiment conciliables et légitimes que dans la mesure où elles respectent la dignité de l’homme.
               En effet, notre souci  ayant été de cerner en petits traits la valeur et l’influence de la révolution informatique dans la famille, nous avons pu constater qu’elle suscite des conséquences dans l’entreprise et dans tous les autres milieux de vie professionnelle, tout comme dans la société et dans la vie courante de la personne humaine. Tout en nuance, il est bien de dire sans ambages que les techniques sont comme de bons serviteurs même si elles tendent à devenir comme de mauvais maîtres. Elles allègent le travail de l’homme tout en le rendant paresseux. Travailler sans machine devient de plus en plus rare dans les milieux ambiants. Tout le monde veut se munir d’un micro-ordinateur pour ne pas perdre la compétition et être en retard par  rapport à la mode. Mais hélas! Le travail à la machine demande une certaine stabilité. A ce titre, il constitue un obstacle à la mobilité du personnel et aux relations sociales de face à face par le fait que nombreuses gens privilégient aujourd’hui la collaboration en distance. En famille, on ne sait plus se côtoyer les uns les autres. Un appel téléphonique suffit. Le déplacement l’importe peu.
                      Parler de l’égalité homme-femme ne semble pas étrange aux yeux de ceux qui militent sans trêve pour cette cause.  Si la femme a été méprisée et opprimée, il est désormais grand temps de lutter pour son émancipation. Toutefois, dans le monde de travail comme dans le foyer, l’homme et la femme se complètent en mettant en commun les facultés et les capacités présentes en chacun d’eux. Faut-il alors préciser qu’il s’avère impérieux de promouvoir une égalité de complémentarité.
                       Dans l’entreprise, l’homme court le risque d’être remplacé par les machines très spécialement avec l’introduction de la robotisation. Sa dignité sombre dans la dégradation et l’homme lui-même tend à être assimilé à la machine. Somme toute, la machine est au service de l’homme et non l’homme au service de la machine.
Le retour à l’éthique est le passage obligé pour restituer à l’homme sa dignité, sa valeur et sa place face au progrès technoscientifique dans le monde du travail et dans la famille.
                   Tout compte fait, n’ayant pas donné, ici, une vue exhaustive sur notre libellé, un champ d’action est vaste et reste ouvert à quiconque voudra nous compléter puisque la préoccupation persiste.

BIBLIOGRAPHIE

I.                   OUVRAGES

1.      CHALMEL P., L’Entreprise de demain et le travail des hommes, Technologies,  
                         valeurs et modes de vie, Ed. Mame, Paris, 1992.
2.      Jean-Paul ii, Les tâches de la famille chrétienne. Exhortation apostolique :
                      Familiarisconsortio,22 novembre 1981.
3.       J.ladriere, Les enjeux de la rationalité. Le défi de la science et de la         
                     technologie auxcultures, Unesco, Aubier Montaigne, 1977.
4.      G. Pascal (dir), Guides pratiques Bordas,Philosophie, Bac A, B-T2,  
                            Armentières, Grenoble, 1978.

II.               OUTIL   

      Patrick Chalmel: www.groupequorum.com/article.php3?id_article=5                   
     (06. 05. 2014:21:43’).

TABLES DES MATIERES





[1][1] A. LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la Philosophie, P.U.F., Paris, 1926, p.
[2] Cf. Patrick Chalmel: www.groupequorum.com/article.php3?id_article=5 (06.05.2014:2143’).

[3] P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, Technologies, valeurs et modes de              
                        vie, Ed. Mame, Paris, 1992, p. 29.
[4] P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p. 29.
[5]P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.33.
[6] Jean-Paul ii, Les tâches de la famille chrétienne. Exhortation apostolique : Familiarisconsortio,                
                          22 novembre 1981, p.5
[7]P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.34.
[8]Jean-Paul ii, Les tâches de la famille chrétienne, p.64.
[9]Jean-Paul ii, Les tâches de la famille chrétienne, p. 57.
[10]P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.52.
[11]P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.117.
[12] P.CHALMEL,L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.80.
[13] P.CHALMEL,L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.39.
[14] Cf. P.CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.124-125.
[15]P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.26.
[16]P. CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.26.
[17] P. CHALMEL,L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p. 27.
[18]J.ladriere, Les enjeux de la rationalité. Le défi de la science et de la technologie aux cultures,
Unesco, Aubier Montaigne, 1977, p. 77.
[19] P. CHALMEL,L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p. 115.
[20] P. CHALMEL,L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p. 28.
[21] P.CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p.38-39.
[22] P. CHALMEL,L’Entreprise de demain et le travail des hommes, p. 39.
[23] Cf. G. Pascal (dir), Guides pratiques Bordas,Philosophie, Bac A, B-T2, Armentières, Grenoble,
1978, p. 43.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire