INTRODUCTION GENERALE
Le
monde actuel, dans son ensemble, voit se constituer de nouvelles possibilités
technologiques à la portée de l’homme. Ces transformations sont moins
négligeables non seulement dans les milieux de vie professionnelle, notamment
grâce au progrès rapide de l’informatique mais aussi elles gagnent de plus en
plus du terrain dans la famille.
Étymologiquement,
« Familia » ou la famille,
est l’ensemble de serviteurs. C’est un groupe d’individus qui ont entre eux des
liens de parenté ou d’alliance définie. C’est aussi une succession d’individus
qui descendent les uns des autres et de ceux qui leur sont unis par alliance.
Plus spécialement, et surtout dans les sociétés contemporaines, la famille est
le groupe formé par le père, la mère et les enfants[1].
C’est
cette dernière forme de famille qui constitue notre champ d’action où le souci
est de porter une réflexion sur les enjeux éthiques de la révolution
informatique. Celle-ci se comprend comme la science et le traitement automatique
de l’information. Notre tâche ayant été de démontrer avec Patrick Chalmel,
comment les résultats de l’informatique sont usités dans nos différentes
familles, nous découvrirons comment les machines sont passées du milieu de
travail à la famille. Parler de la révolution informatique dans la famille,
c’est autrement dit mener une étude sur le sujet humain et sur des machines
mises en sa disposition en tant qu’instruments de travail. Alors, il est urgent
de reproduire un raisonnement sur l’utilisation de ces outils afin de saisir à fond les conséquences qu’ils
entraînent dans ce foyer social.
Notre
travail s’appuie sur Patrick Chalmel dans son ouvrage, « L’Entreprise de demain et le travail des
hommes, Technologies, Valeurs et modes de vie(Ed. Mame, Paris, 1992)».
Patrick Chalmel est né à Paris le 27 mai 1952. Il est docteur en Philosophie et
juriste spécialisé en droit social et sciences politiques. Il a été
professeur de Droit en IUT de Biologie
appliquée à l’Université de Paris-Val-de Marne, directeur des études dans un
Institut de formation aux relations sociales et syndicales. Responsable de
l’observatoire des relations sociales de la Cegos, Patrick Chalmel a été
officié de marine de réserve, directeur de la collection Repères, auteur de l’hebdomadaire « Famille chrétienne » et directeur de « Quorum » depuis deux mille treize.
Il est actuellement Retraité et vit à DrageyRonthon, en France[2].
Si
notre auteur, Patrick Chalmel, a fourni un effort d’apporter au public un
produit de sa réflexion sur d’importantes mutations technologiques liées en
grande partie au progrès de l’informatique , de la robotique et de la
télématique qui produisent des changements inéluctables concernant
l’organisation des entreprises, la nature du travail des hommes ou les relations sociales, il a été question, à ce qui nous concerne, de
réfléchir sur les enjeux éthiques de la révolution informatique dans la famille
en crise avec le souci de cerner les conséquences qu’elle entraîne. Ainsi notre
travail est en quelque sorte une sonnerie d’alarme pour éveiller la conscience
de chaque famille afin d’attirer son attention sur les enjeux de nouvelles
technologies.
Notre
recherche évoluera en deux grands moments. Ainsi, s’agira-t-il, dès le premier
abord, d’esquisser en grands traits la nature du travail de l’homme. Dans la
suite, nous parlerons des nouvelles technologies dans les domaines du travail.
Une conclusion générale sanctionnera notre investigation.
PREMIER CHAPITRE : LA NATURE DU TRAVAIL DE L’HOMME
INTRODUCTION
Depuis la création, le travail se
présente comme un facteur incontournable dans la vie de l’homme. Celui-ci doit
travailler pour gagner son pain. Voilà pourquoi le travail reste la première
motivation qui anime tout être humain sous peine de vivoter. C’est cela qui
nous pousse à analyser, dans ce premier chapitre, la nature du travail de
l’homme dans son milieu professionnel. Et puisque l’homme est pris, ici, en son
sens général, nous établirons une minime distinction entre le travail de l’homme
et celui de la femme dans l’entreprise. Aussi examinerons-nous l’égalité entre
ces deux sujets. En plus, nous porterons notre attention sur l’avenir du
travail de l’homme dans une société en pleines mutations technologiques et
idéologiques, pour chercher à savoir si la dignité de l’homme est encore prise
en compte. Telle sera la grande préoccupation à laquelle portera toute la
réflexion de ce premier moment de notre énoncé.
I. 1. LE TRAVAIL DE L’HOMME DANS L’ENTREPRISE
L’entreprise de notre siècle a déjà
un nouvel état d’esprit avec l’apport de
nouvelles technologies. L’on peut se rendre compte que dans les siècles passés,
il appartenait à l’homme d’écrire à la main, de nettoyer les bouteilles, si
nous sommes dans une brasserie où il
s’occupait également de l’embouteillage. Avec l’introduction de
nouvelles technologies dans les entreprises, les travaux à caractère manuel et
artisanal, qui revenaient à l’homme, sont à la portée des machines appropriées.
Avec l’expérience, d’après Patrick Chalmel, « On en est venu maintenant à se
réaliser que rien n’est plus perfectionné que l’homme »[3]. Raison pour laquelle l’homme trouve
encore de la place dans l’entreprise à cause de ses facultés telles que « l’intuition, le bon sens, le bon
goût, le sens esthétique, les capacités relationnelles, le dynamisme, le
jugement, le sens créatif et les capacités d’innovation, la volonté, les
qualités de caractère, la faculté d’adaptation, le sens de la belle ouvrage et
de la qualité, le génie inventif, la
motivation »[4].
Nous retiendrons ici que le sujet
humain a naturellement la lourde tâche d’accomplir un travail. Et ce doit être
rémunéré suivant la forme de contrat
conclu entre l’employeur et l’employé. Quelle que soit sa forme, le
contrat doit être respecté.
1.1. Le contrat du travail
Dans
les entreprises comme dans tous les autres milieux de travail, il est conseillé
de signer un contrat du travail entre l’employeur et l’employé en vue d’éviter tout
déséquilibre.
1.1.1.Sortes de contrats du travail
Patrick
Chalmel en distingue deux sortes : le contrat précaire et le contrat
normal. Tout porte à savoir, pour nous, ce que c’est, le contrat précaire et le
contrat normal. Dans quelle mesure ces formes d’emploi sont-elles
légitimes ? Pourquoi doit-on limiter leur usage ?
1.1.1.1. Les contrats précaires
L’auteur dont il est question dans
notre travail définit les contrats
précaires comme « des contrats à une
durée déterminée c’est-à-dire des contrats qui prennent fin automatiquement dès
lors que l’objet pour lequel ils ont été conclus est réalisé. Ces formes de
contrats sont légitimes parce qu’elles répondent à un besoin qui peut être
satisfait par des embauches normales »[5].
Ces contrats présentent un danger étant donné qu’ils sont limités. Il suffit
d’atteindre la date fixée pour les rompre.
En cas de non payement, le
salarié se trouve bloqué. Il ne sait pas revendiquer son droit de peur que son
contrat ne soit renouvelé. Et par conséquent, un père ou une mère de famille
n’arrive plus à répondre aux besoins de son foyer c'est-à-dire de s’acquitter du devoir de nourrir ses
enfants, les habiller ou les scolariser.
Payer le loyer, l’électricité, l’eau, devient toute une affaire. C’est ici que
le Pape Jean-Paul II dégage quelques difficultés du même genre. Il dit :
« dans les pays du Tiers-monde, les
familles manquent souvent aussi bien des moyens fondamentaux pour leur survie,
tels que la nourriture, le travail, le logement, les médicaments, que des plus
élémentaires libertés »[6].Voilà
pourquoi le nombre d’enfants de la rue ne cesse de croître et les sans-emplois
deviennent de plus en plus nombreux dans les pays du tiers-monde.
1.1.1.2.Le contrat normal
Le contrat normal est celui,
comme nous rapporte Patrick Chalmel, « le contrat à durée indéterminée à temps plein. C’est un engagement
réciproque par lequel un salarié se met
au service d’un employeur, selon un horaire hebdomadaire et en échange d’un
salaire fixé par la loi ou la convention collective de la profession et c’est
pour une durée indéterminée »[7].
Par contre, ce genre de contrat,
puisqu’il est dit indéterminé, ne peut être rompu que pour un motif réel et
sérieux, c'est-à-dire, que pour une raison effective méritant le renvoi du
salarié. Si celui-ci a commis une faute
grave, la législation du travail prévoit un préavis. Il n’est donc pas question
pour l’employeur de prendre des
décisions de n’importe quelle manière. Le salarié aura droit de revendiquer
s’il n’a pas été averti au sujet de son licenciement.
1.2. Egalité de l’homme et de la femme au travail
La question de l’égalité de
l’homme et de la femme a toujours été préoccupante. L’on sait que dans la
famille ou dans le foyer, la femme est ménagère. Elle s’occupe de la cuisine,
elle prend soin de ses enfants, se consacre à leur éducation, à leur vie morale
et chrétienne. Elle a le sens affectif, elle plaît à son mari, à ses enfants et
au monde extérieur.
En outre, le mari est la tête,
le chef, le responsable. Son rôle est de répondre aux besoins et de son épouse
et de ses enfants. Le pape Jean-Paul II estime que « à l’intérieur de la communion qu’est la communauté conjugale et
familiale, l’homme est appelé à vivre son don et son rôle d’époux et de
père »[8].Pour
ce qui est de la femme, il dit ceci : « au sujet de la femme, il faut noter avant tout sa dignité et sa
responsabilité égales à celles de l’homme : cette égalité trouve une forme
singulière de réalisation dans le don d’eux-mêmes à leurs enfants : un tel
don est propre au mariage et à la famille »[9]. Dans
la famille, chacun de deux parents répond aux besoins de la famille selon ses
qualités propres ou selon les charismes spécifiques.
Au travail, parler de la parité
homme-femme constitue un débat incontestable de notre siècle. Patrick Chalmel
ne s’y dérobe pas.
Pour
lui,
« au lieu
de cette conception réductrice de l’égalité, il est plus épanouissant pour les
femmes comme pour les hommes de s’appuyer sur la réalité qui nous parle d’une
égalité de complémentarité. En moyenne, les goûts, les aptitudes, les facteurs
de motivation, les façons d’appréhender les problèmes et la manière de concevoir le travail de la
femme et de l’homme au sein d’une équipe ne seront pas identiques mais
complémentaires »[10].
Il a tout simplement mis l’accent
sur les aptitudes de chacun. En réalité, ce que réclame la femme aujourd’hui,
c’est cette émancipation de la femme opprimée. La discrimination faite à la
femme consiste dans le fait qu’on n’a pas reconnu les qualités qui sont en
elle. Elle s’est alors rendu compte qu’elle peut aussi travailler comme l’homme
et jouir des mêmes droits que lui. Ainsi faudra-t-il promouvoir cette égalité
dans son acception de complémentarité.
II. 2. LE DEFI A RELEVER DANS LES ENTREPRISES
Les entreprises de notre siècle
se trouvent butées au problème d’emploi. Les employeurs ne savent quoi faire
puisque le contrat signé avec les employés était pour la plupart à une durée
indéterminée. Face aux nouvelles technologies, ils se rendent compte que point
n’est besoin soit d’engager un personnel pouvant s’adapter à ces méandres
mutations technologiques, soit de respecter le contrat et procéder à la
formation des salariés quel que soit leur âge. « Au lieu de changer de personnel pour changer de savoir-faire,
l’entreprise forme peu à peu son personnel pour qu’il change de métier »[11],
s’il nous faut reprendre le regret de Patrick Chalmel.
Il y a là, un danger, puisque
le temps que l’entreprise forme son personnel, elle court le risque de perdre
en compétitivité et prendre un retard mortel par rapport à la concurrence.
Imaginons-nous un secrétaire d’une entreprise qui a si longtemps travaillé à la
dactylographie, pourra-t-on le renvoyer alors qu’il est en contrat indéterminé
et qu’il inspire confiance en son directeur ? Ou bien faudra-t-il le
remplacer par un jeune de vingt-deux ans puisque celui-ci traite bien de
programmes à l’ordinateur au détriment du salarié qui a vingt ans de
service ? A supposer que sous le poids de l’âge, l’ancien secrétaire n’est
plus apte à être formé à l’informatique, que faire ? De quoi va-t-il
vivre ? Nous pensons, ici, à toutes ces populations de plus en plus
nombreuses qui n’auront pas accès à un emploi salarié. Voilà un grand défi qui
guette aujourd’hui les milieux de vie professionnelle. On peut imaginer des
solutions avec Patrick Chalmel : « Nécessité fait loi et il n’y a pas d’économie sans marché. Les
entreprises ultrarobotisées et hyperproductives de demain ne subsisteraient pas
longtemps si la plus grande partie de la population, demeurant sans ressources
suffisantes, s’avérait incapable d’acheter leur production»[12].
I. 3. L’INFORMATIQUE, UN OBSTACLE A LA MOBILITE DU
PERSONNEL
La révolution informatique,
disons-le, a un impact très fort non seulement sur la nature du travail de
l’homme mais aussi sur le lieu de travail.
Lorsqu’on fait une observation sérieuse dans les différents milieux de
travail, l’on se réalise qu’il y a une certaine mobilité du personnel parce
qu’il y a des travaux qui ne nécessitent pas une stabilité mais un déplacement.
Dans cette perspective, l’auteur
nous rapporte que bien de lieux de travail commencent à se développer dans les
moyens de transport. On reconnaît déjà ces avions de la jet set society et
quelques wagons de chemin de fer, dotés de salons pour hommes d’affaires, avec
bureaux, terminaux d’ordinateur, téléphones, télex et autres télécopieurs. Cela
porte à croire que désormais, des gens sont amenés à se déplacer ainsi pour
leur métier, non seulement les commerçants mais également nombre de
techniciens, communicateurs, négociateurs et autres organisations. En résumé,
nous dirions à ce niveau avec Patrick Chalmel que :
« Grâce à
ce forum nouveau style que tend à devenir le réseau des ordinateurs et banques
de données à travers le monde, chaque personne au travail sera en effet
connectée à une sorte de bibliothèque planétaire par son ordinateur relié au
téléphone, et passera un temps non négligeable à rechercher et à assimiler
l’information la plus récente mise à jour dans son domaine d’activité »[13].
Dans les usines, sur les lieux
même de la production, la présence effective des hommes sera de moins en moins
bien supportée par les machines. Le travail des hommes, qu’il s’agisse de
collectage et d’analyse d’informations, d’imaginations, de prévision, de prises
de contact, d’organisation, s’exercera pour une part à la maison grâce au
télétravail et aux différents moyens de contrôle et de télécommunication. Grace
à la téléconférence, chacun s’entretiendra avec ses collègues qu’il pourra même
voir, tour à tour ou simultanément sur les fenêtres de l’écran du minitel. Il
commandera même des robots, des drones, des voitures à partir de sa maison, il
causera avec des gens à distance. C’est ici qu’il faut aussi souligner
l’importance du téléphone portable qui, aujourd’hui, est indispensable à la télécommunication directe
et se transforme petit à petit comme une autre partie du corps. Une fois qu’on
l’oublie ou qu’on le perd, c’est comme si c’est un organe que l’on a manqué ou
égaré[14].
CONCLUSION
Arrivé à la fin de cette première partie de la réflexion sur les
enjeux éthiques de la révolution informatique, disons que, notre attention
s’est focalisée sur la nature du travail de l’homme et là nous avons dit
que le sujet humain se conçoit comme un
être toujours à l’œuvre. Il travaille de ses mains et ses facultés lui sont
d’une importante nécessité pour se rendre apte à toutes les activités dont il
est capable. Dans la suite, nous avons montré en quoi l’homme et la femme se
distinguent du point de vue de leurs capacités et de leurs facultés dans la
manière de travailler. Leur égalité valait la peine d’être analysée.
Patrick Chalmel, lui, propose
de parler de l’égalité dans la complémentarité plutôt que de la comprendre
comme une simple parité. Quelle que soit la forme de contrat, le travailleur
mérite salaire. Face à l’influence de nouvelles technologies sur le travail de
l’homme, dans les milieux de travail, notamment dans les entreprises, la
dignité de l’homme et de la femme doit être respectée. Ainsi, étant donné que
l’informatique est devenue un obstacle à la mobilité du sujet humain, le télétravail,
la téléconférence et tous les autres moyens de télécommunication sont passés
des milieux de travail à nos maisons et familles respectives. C’est ce qui fera
l’objet du deuxième chapitre.
DEUXIEME CHAPITRE : LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS LA
FAMILLE
INTRODUCTION
Les nouvelles technologies sont, on
n’en pas douter, au service de l’homme. La famille ne peut plus s’en passer.
Dans ce chapitre, nous tâcherons de comprendre comment elles sont au service de
l’homme. Aussi analyserons-nous les conséquences qu’elles peuvent entraîner sur
le travail de l’homme, plus précisément sur son économie, son éthique, son
social et sa santé dans la famille.
II. 1. Les nouvelles technologies au service de l’homme
Disons, d’entrer de jeu, avec
Patrick Chalmel, que :
« Loin
d’être une menace pour la qualité du travail des hommes, les mutations
technologiques doivent être accueillies comme une libération des qualités proprement
humaines dans l’entreprise. Pour la production des biens matériels, les hommes
vont être progressivement déchargées de tout ce qui peut être fait par des
robots, c'est-à-dire de tous les travaux courants de l’entreprise »[15].
L’homme
se voit allégé puisque le travail qu’il faisait de ses propres mains est
désormais accompli dans un laps de temps par des machines. Raison pour laquelle
l’auteur renchérit en disant que :
« L’entreprise de demain sera une entreprise
qui conjuguera au mieux les ressources de l’informatique, de la bureautique, de
la télématique et de la robotique.
Celles qui ne le feraient pas, ou trop tard, seraient destinées à mourir faute
d’être complétives : elles seraient trop lentes, trop chères et incapables
d’adapter rapidement leur production aux fluctuations tant qualitatives que
quantitatives de la demande des clients »[16].
Ce qui compte pour les
entreprises, c’est de voir le travail être exécuté à un moindre coût. De
nombreux travaux sont désormais pris en charge par des machines. Le travail que
cent personnes feraient dans un bon nombre d’heures, la machine se voit capable
de le réaliser dans un laps de temps. Bien que l’homme puisse intervenir, la
machine est déjà capable d’assurer ce qui ne fait pas nécessairement appel aux
facultés humaines. A ce point de vue, signalons que de la même façon, l’homme
sera largement assisté par l’ordinateur dans le domaine administratif. Qu’il
s’agisse de la gestion commerciale, de la gestion de la production ou des approvisionnements,
de la gestion du personnel ou de la gestion comptable, l’homme cédera sa place
à la machine pour toutes les tâches susceptibles d’être automatisées.
Aujourd’hui,
dans la famille, il y a un nouvel esprit
de voir les choses grâce à la révolution de l’informatique. Par exemple, chez
les commerçants tout comme chez les dirigeants, les machines facilitent le
travail. Alors l’homme, au moyen de ses facultés, n’exerce que le contrôle sur
le travail des machines.
Et Chalmel de dire que «l’homme se comporte davantage comme un chef
préparant des innovations, donnant des ordres à des esclaves et contrôlant la
qualité du travail, comme un exécutant. En d’autres termes, il se débarrasse de
toutes tâches serviles »[17].
Aussi pouvons-nous dire, ici, que les machines ne peuvent en aucune
manière substituer l’homme. Il est inconcevable d’égaler l’homme à la machine
par le simple fait qu’elle peut faire le même travail que lui. La machine est
au service de l’homme et non l’homme au service de la machine. Cette dernière
n’est qu’un outil qui sert à l’homme de
réaliser son travail d’une manière
rapide et sans beaucoup de peine. A titre exemplatif, un comptable assis
dans son salon dispose désormais de son ordinateur pour lui permettre d’obtenir
le résultat de son compte sans beaucoup de peine. Il lance des données et c’est
à la machine de les traiter automatiquement
pour lui fournir l’information. Il n’est pas question de réciprocité dans
le système, c'est-à-dire que ce n’est pas à la machine de commander le sujet
mais celui-ci, la machine. Quelle est alors l’importance de l’informatique au
service de l’homme ?
Nous avons ci-haut
souligné que la révolution informatique a déjà facilité le travail à l’homme de
notre siècle. Le travail est devenu facile à l’homme et la production est
devenue plus étendue. Selon Jean Ladrière, « un
des effets de cette forme d’organisation du travail, c’est de rendre possible
la production sur grande échelle de biens à la fois diversifiés et très
standardisés, et par ailleurs de rendre possible la réalisation en un point
donné, de projets d’une très grande sophistication »[18]. Ce qui fait que
l’homme ne peut plus s’en passer. Le micro-ordinateur qu’il possède allège la
tâche à ses activités. Il permet même l’économie de ses énergies. C’est ici que
nous pouvons souligner les atouts combien louables des robots régulateurs de la
circulation routière placés dans les carrefours des pays développés ou en voie
de développement. L’homme ou la femme qui passait des longueurs de journées en
train de siffler, se trouve aujourd’hui ou mieux se trouvera assis au bureau
pour ne percevoir que des taxes ou mettre de l’ordre là où il n’y avait pas la
présence de la police routière.
La révolution informatique permet
en fait d’économiser le temps et d’épargner ses énergies intellectuelles afin
que la machine réponde inconsciemment ou automatiquement aux problèmes de
fonctionnement du travail. Ainsi l’homme n’a pas à chercher des solutions très
loin, parce que tout est déjà programmé à la machine. Il est susceptible
aujourd’hui de faire le travail à la maison grâce notamment à au télétravail, à
la téléconférence, au téléphone et aux autres moyens de télécommunication. Avec
son micro-ordinateur branché au réseau internet connecté à la maison même, le
père de famille travaille, envoie des données et communique avec ses collègues.
Les étudiants comme les élèves n’ont plus besoin de se déplacer pour consulter
dans des cybers cafés puisqu’avec les micro-ordinateurs voire les téléphones ou
les ipads, la recherche est devenue facile et se fait à la maison. Mais
cela entraîne des conséquences néfastes
dans la famille et dans la vie humaine.
II. 4. Les désavantages de l’informatique dans la famille
Les sociétés industrielles de
notre époque ne se passent pas de machines pour la réalisation de leur travail.
Dans les siècles passés, les hommes travaillaient manuellement, chacun selon
ses capacités. Aujourd’hui c’est désormais la machine qui fait ce travail. Il y
a, par conséquent, une distinction entre le travail de la machine et celui de
l’homme. Ici le danger est qu’on a besoin de l’homme rien que pour ses facultés
sinon il n’est plus bon en rien, puisque les machines, comme les robots sont
capables d’un bon nombre de travaux. « Mais
en réalité, la technologie et les compétences de pointe ne font pas tout :
il redevient essentiel pour se maintenir sur le marché, de mobiliser les hommes
autour des objectifs communs de l’entreprise»[19].
C’est pourquoi, dans cette même perspective, Patrick Chalmel
ajoute: « Là où la société
industrielle, par la division de tâches, avait progressivement détruit le
caractère humain du travail, les mutations techniques ont cette conséquence
inattendue de rendre au travail humain sa dignité. On s’intéresse de nouveau
aux personnes pour leurs facultés humaines
et on leur demande de les exercer dans leur travail »[20].Ceci
nous pousse à déduire que plus les machines auront à réaliser ce que les hommes
devaient faire, plus le taux de chômage sera élevé. Il y aura plus de sans-emplois
comme dit Patrick Chalmel en ces mots :
« On
s’oriente ainsi vers la disparition, non seulement des emplois ouvriers, mais
également de la plupart des emplois administratifs tels que nous les
connaissons, au profit d’emplois plus créatifs et plus qualifiés. Et cela n’est
pas sans poser de problèmes au regard de la doctrine sociale de l’Eglise :
que deviendront ceux qui n’auront pas les capacités d’accéder au niveau de ces
qualifications nouvelles ? Ne risque-t-on pas de créer demain une société
à deux vitesses avec, d’un côté, les plus doués et ceux qui auront eu la chance
de recevoir une instruction de qualité, pour lesquels sera ouverte la voie
d’une carrière professionnelle véritable, et, de l’autre, un grand nombre de
laissés-pour-compte, condamnés à vivoter toute leur existence dans des régimes
d’assistance ou des petits boulots »[21].
Malgré cette méconnaissance de
l’homme au travail, celui-ci gardera toujours sa place. La machine ne prendra
jamais le dessus sur le sujet humain. « Celui qui persistera à gaspiller le temps de travail des hommes en leur
faisant faire ce qui peut être confié aux machines, ou qui ne saura pas
mobiliser en chaque femme et en chaque homme de l’entreprise ses qualités
vraiment humaines perdra la compétition »[22],
ajoute Patrick Chalmel.
De cette façon, la révolution
informatique entraîne l’homme à une certaine paresse. L’on se rend compte que
l’homme ne se met plus au travail comme avant. Suite à la machine, il ne
réfléchit plus pour faire telle ou telle activité. Il lui suffit de commander
la machine pour arriver au résultat. Sa tendance est de glisser sur la pente de
la facilité. Dans les écoles par exemple, les élèves ou les étudiants parlent
et articulent correctement les concepts. Mais leur demander de les écrire est
une toute autre affaire. Le calcul mental est battu en brèche. Ils recourent à
la machine qui leur fournit automatiquement le résultat en corrigeant même les
erreurs. C’est là un défi qui porte une matière à réflexion.
Une autre conséquence de la révolution informatique, c’est le chômage endémique des personnes moins qualifiées et âgés puisque, désormais, c’est à la portée des hommes forts et intelligents, capables de s’adapter aux nouvelles technologies. Ceux qui n’y arrivent pas retournent à l’artisanat. Certains parents sont devenus chômeurs du fait qu’ils ne s’adaptent pas à la formation de l’informatique.
Aussi observons-nous un certain
individualisme dans les relations sociales. Les gens ne se visitent presque
plus sous prétexte que les moyens de télécommunication ont déjà résolu le
problème de déplacement. Nous pouvons toutefois ajouter que le fait de rester
assis toute la journée, et peut être aussi la nuit, certaines maladies ne
cessent de se développer. C’est le cas de l’obésité dans les pays émergeants.
La cécité attaque à nos jours plusieurs personnes, les adultes comme les
jeunes. Dans nos familles, nous constatons que les enfants, garçons ou filles,
passent leur temps, chacun dans sa chambre en train de consulter et de
télécharger des films à l’insu de leurs parents qui ne les maîtrisent plus. Les
films pornographiques sont passés des salles de cinéma jusque dans les maisons
voire dans les poches, non seulement des jeunes gens mais aussi des personnes
adultes qui les désirent. Les enfants deviennent insaisissables et paresseux.
Ils consacrent leur temps à ne suivre que les images sur des réseaux sociaux.
Le travail manuel est négligé.
Les appels et les messages
téléphoniques deviennent de plus en plus l’objet des divisions entre les
couples. Tout appel qui tombe dans le téléphone de l’un des conjoints porte
soupçon. On veut savoir qui a appelé et ce qu’il raconte. Il y a manque de
confiance dans les couples. L’époux ou l’épouse veut, à tout prix, connaître
les correspondants de son épouse ou de son époux. Ce qui amène parfois au
divorce. Il n’y a plus de relation nette entre les parents et leurs enfants
étant donné que chacun des membres de la famille, au retour du travail ou de
l’école, se retire dans sa cellule pour
causer avec ses amis, correspondre avec ses collègues de classe ou de service.
Nous
nous rendons aussi compte que la technique est en train de construire un monde
artificiel. En effet, nous vivons dans un univers qui devient de plus en plus
artificiel : nos maisons, notre alimentation, nos loisirs, notre
environnement professionnel sont les produits de la technique. Campagnes,
fleuves, montagnes sont envahis par des réalisations techniques : lignes électriques,
barrages, centrales électriques, centrales atomiques, fibres optiques, antennes
pour chaines de radios et pour postes de télécommunications, urbanisation à
outrance et standardisée, autoroutes, canaux, panneaux publicitaires, cultures
artificielles et tant d’autres. De plus, cette industrialisation incontrôlée
engendre la pollution par ses déchets. La mer Baltique est devenue un dépôt
d’ordures, la Méditerranéeprend la même direction ; la flore et la faune
sont progressivement détruites, ce qui compromet l’équilibre naturel. Voilà
autant de conséquences de la révolution informatique dont la famille n’est pas
épargnée[23].
CONCLUSION
Au terme de cette deuxième
partie de notre énoncé, nous pouvons dire, en grossomodo, que les nouvelles
technologies sont un bon serviteur de l’homme dans l’organisation des
entreprises et de la famille. En plus, force est de constater que la révolution
informatique trouve un bon accueil dans les domaines de la vie professionnelle.
Elle permet à l’homme d’œuvrer sans perdre beaucoup plus d’énergie. La tâche
est allégée, le travail est assoupli et l’homme ne reste qu’un gérant. La
révolution informatique introduit petit à petit un nouvel état d’esprit en
l’homme dans sa manière d’appréhender la réalité. Nonobstant
l’incommensurabilité des méandres mutations technologiques, le travail de
l’homme et celui de la machine vont de pair. Ils s’appellent mutuellement. La
machine ne fait pas tout ce que peut réaliser l’homme, elle n’intervient que pour
lui faciliter la tâche d’une façon automatique, rapide et souple. Outre tous
ces avantages, les inconvénients ne manquent au rendez-vous jusqu’à devenir un
problème difficile à décanter dans la famille.
CONCLUSION GENERALE
Pour clore notre réflexion, sans prétention aucune
d’avoir épuisé le sujet et devant
contenir une note d’humilité, disons que les nouvelles technologies et le
travail de l’homme ne sont vraiment conciliables et légitimes que dans la
mesure où elles respectent la dignité de l’homme.
En effet, notre souci ayant été de cerner en petits traits la
valeur et l’influence de la révolution informatique dans la famille, nous avons
pu constater qu’elle suscite des conséquences dans l’entreprise et dans tous
les autres milieux de vie professionnelle, tout comme dans la société et dans
la vie courante de la personne humaine. Tout en nuance, il est bien de dire
sans ambages que les techniques sont comme de bons serviteurs même si elles
tendent à devenir comme de mauvais maîtres. Elles allègent le travail de
l’homme tout en le rendant paresseux. Travailler sans machine devient de plus
en plus rare dans les milieux ambiants. Tout le monde veut se munir d’un
micro-ordinateur pour ne pas perdre la compétition et être en retard par rapport à la mode. Mais hélas! Le travail à
la machine demande une certaine stabilité. A ce titre, il constitue un obstacle
à la mobilité du personnel et aux relations sociales de face à face par le fait
que nombreuses gens privilégient aujourd’hui la collaboration en distance. En
famille, on ne sait plus se côtoyer les uns les autres. Un appel téléphonique
suffit. Le déplacement l’importe peu.
Parler de l’égalité
homme-femme ne semble pas étrange aux yeux de ceux qui militent sans trêve pour
cette cause. Si la femme a été méprisée
et opprimée, il est désormais grand temps de lutter pour son émancipation.
Toutefois, dans le monde de travail comme dans le foyer, l’homme et la femme se
complètent en mettant en commun les facultés et les capacités présentes en
chacun d’eux. Faut-il alors préciser qu’il s’avère impérieux de promouvoir une
égalité de complémentarité.
Dans l’entreprise,
l’homme court le risque d’être remplacé par les machines très spécialement avec
l’introduction de la robotisation. Sa dignité sombre dans la dégradation et
l’homme lui-même tend à être assimilé à la machine. Somme toute, la machine est
au service de l’homme et non l’homme au service de la machine.
Le
retour à l’éthique est le passage obligé pour restituer à l’homme sa dignité,
sa valeur et sa place face au progrès technoscientifique dans le monde du
travail et dans la famille.
Tout compte fait, n’ayant
pas donné, ici, une vue exhaustive sur notre libellé, un champ d’action est
vaste et reste ouvert à quiconque voudra nous compléter puisque la
préoccupation persiste.
BIBLIOGRAPHIE
I.
OUVRAGES
1. CHALMEL
P., L’Entreprise de demain et le travail
des hommes, Technologies,
valeurs et modes de
vie,
Ed. Mame, Paris, 1992.
2. Jean-Paul ii, Les tâches de la famille chrétienne. Exhortation apostolique :
Familiarisconsortio,22
novembre 1981.
3. J.ladriere, Les enjeux de la rationalité. Le défi de la
science et de la
technologie auxcultures,
Unesco, Aubier Montaigne, 1977.
4. G. Pascal (dir), Guides pratiques Bordas,Philosophie, Bac A, B-T2,
Armentières,
Grenoble, 1978.
II.
OUTIL
Patrick Chalmel:
www.groupequorum.com/article.php3?id_article=5
(06. 05. 2014:21:43’).
TABLES DES MATIERES
[2] Cf. Patrick Chalmel:
www.groupequorum.com/article.php3?id_article=5 (06.05.2014:2143’).
vie, Ed.
Mame, Paris, 1992, p. 29.
[6] Jean-Paul ii, Les tâches de la famille chrétienne. Exhortation apostolique :
Familiarisconsortio,
22 novembre 1981, p.5
[12]
P.CHALMEL,L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p.80.
[13]
P.CHALMEL,L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p.39.
[14] Cf.
P.CHALMEL, L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p.124-125.
[15]P.
CHALMEL, L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p.26.
[16]P.
CHALMEL, L’Entreprise de demain et le travail
des hommes, p.26.
[17] P.
CHALMEL,L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p. 27.
[18]J.ladriere, Les
enjeux de la rationalité. Le défi de la science et de la technologie aux
cultures,
Unesco, Aubier Montaigne, 1977, p. 77.
[19] P.
CHALMEL,L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p. 115.
[20] P.
CHALMEL,L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p. 28.
[21]
P.CHALMEL, L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p.38-39.
[22] P.
CHALMEL,L’Entreprise de demain et le
travail des hommes, p. 39.
[23] Cf. G. Pascal (dir), Guides pratiques Bordas,Philosophie, Bac A, B-T2, Armentières,
Grenoble,
1978, p. 43.
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