vendredi 29 avril 2016

LA VIE FAMILIALE NANDE



INTRODUCTION
Le travail que nous présentons ici concerne la culture du peuple Yira, appelé en d’autres
Périphéries de Butembo
termes, peuple Nande. Dans un autre article, nous avons parlé à long et à large de ce peuple et là, il s’agissait de parler d’un seul aspect à savoir l’intérêt que le Christianisme a rencontré dans cette culture. Parler ici de la culture, touche plusieurs aspects tels que l’initiation masculine ou féminine, le mariage, la conception de Dieu, la conception de la mort, la vie sociale, la vie familiale.
Nous ne parlerons pas de tous ces aspects étant donné que toute délimitation s’impose. Nous nous intéresserons beaucoup plus à la vie familiale puisque la famille est le lieu par excellence où l’on apprend la culture.

LA VIE FAMILIALE ANCESTRALE CHEZ LES NANDE 

La vie familiale des Nande est basée sur le système du patriarcat. Le père (pater familias) est plus qu'un mari pour la femme, il est son époux, le chef de la famille, le responsable des membres de son foyer, le garant de son unité, de sa vie et de sa survie. Bien que la femme ait un statut juridique contenu dans celui de son mari, elle jouit des relations de complémentarité avec son mari, de l'attachement de son mari, de son respect, de sa fidélité, de la dignité d'être épouse et éducatrice des enfants, du prestige d'être considérée comme une reine (omughole) qui lui donne une autorité morale dans la gérance des affaires familiales et du foyer, d'être l'intermédiaire entre le père et ses fils. Le rôle d'épouse, de mère et d'éducatrice est si délicat que les femmes sont parfois accusées pour les erreurs de leurs enfants bien que ceux-ci aient atteint l'âge de raison. Ces enfants doivent momentanément quitter la maison paternelle pour être rééduqués par un oncle maternel (nyokolume : homme-femme) ou une tante paternelle (nyinyalume : femme-homme). Cette humiliante sanction pour les enfants est culturellement ressentie comme une perte de sa dignité d’homme ou de femme : la fille est prise pour un garçon et inversement, le garçon est considéré comme une fille. Dans cette mesure disciplinaire, les Nande estiment qu’une fille qui a le caractère d'un homme doit être remise entre les mains de sa tante paternelle, et le garçon, chez son oncle maternel. Les qualificatifs paternel et maternel  sont suggestifs. Cette inversion apparente de rôle laisse percevoir la vision de la tante paternelle et de l’oncle maternel. Elle implique que l’éducation de la fille revient à la maman tandis que celle du garçon revient au père de la famille. Dans le cas où le comportement de l’un ou l’autre enfant ne correspondrait pas à son sexe, ce sont les parents issus du côté maternel, pour le garçon, ou du côté paternel, pour la fille, qui peuvent remodeler le caractère de ces enfants. Leur rôle est de rappeler les attentes de la société vis-à-vis de la fille ou du garçon : la douceur et la tendresse pour celle-là, la virilité pour ce dernier. Dans la famille chaque enfant porte un nom qui souligne son identité et sa personnalité. Les noms peuvent indiquer le rang de naissance, les circonstances, les événements que traversent la famille ou encore le nom d'un ancêtre proche. Hormis les noms de naissance, on rencontre aussi des noms donnés à la naissance. Ils sont en rapport avec l’état physique de l’enfant ou les circonstances qui accompagnent l’accouchement.
D’autres noms sont donnés par la maman de l’enfant. Ils sont en relation avec la vie familiale et traduisent les compliments de la mère à l’adresse du père de l’enfant, des plaintes contre le mari et les siens, plaintes contre ses coépouses dans le cas de polygamie, des moqueries de la mère, des complaintes sans destinataire déterminé (grognes), des menaces contre son mari, des remerciements à l’égard de la famille de la mère. Il existe aussi des noms que la maman donne à un enfant qui a déjà grandi, ou que les membres de la famille peuvent donner à l’un des leurs, et enfin des surnoms données au grandes personnes. Ces noms donnés aux adultes soulignent souvent des traits de caractère de la personne comme les noms reçus lors de l’initiation masculine. Les noms traditionnels traduisent l'identité familiale parfois replacée dans son contexte historique. Ils permettent de préciser les circonstances de la naissance et d'orienter l'éducation de l'enfant ou de rappeler le souvenir d’un ancêtre ou d’un défunt. Le nom véhicule un message, un contexte, un appel et un caractère.
La famille Nande est monogamique et exogamique. Elle va au-delà de la consanguinité. Elle inclut en son sein le fœtus, les vivants et les morts ainsi que les personnes adoptées. Elle englobe les membres des familles de ceux qui se sont unis par le pacte de sang (ekihango) et par les alliances matrimoniales (eritahya). Ce réseau de relations parentales, familiales, claniques, communautaires et sociales, est à l'origine de l'expression Nande : « nous sommes de la même famille (tulivahanda) ». Celle-ci implique l'unité ethnique. Ces liens de parenté induisent des comportements et des attitudes spécifiques dans les rapports interpersonnels et sociaux. En fait, dans la culture Nande, il n’y a que les familiers qui peuvent connaître le nom de famille des uns et des autres. Désigner quelqu’un par son nom de famille signifie concrètement que l’on a une connaissance profonde de cette personne. Appeler quelqu'un par son nom de parenté ou de famille, c'est s'engager dans des relations spécifiques avec lui.
Ce fait incite les parents à encourager les enfants à n’utiliser que les noms courants des personnes et non ceux qui sont liés à leurs familles. Il n’est pas question seulement de discrétion à l’égard des personnes et de leurs familles mais aussi du respect qui leur est du. Ainsi, l’usage des noms usuels, selon l’ordre de succession de naissance est le plus utilisé. Nous les retrouvons sur le tableau ci-dessous :
Succession des noms de naissance chez les Nande

Sexe
Masculin
Féminin

1.
Nzanzu, Kambere, Mumbere, Paluku
1. Kanyere, Masika
2.
Kambale, Tsongo, Kambasu
2. Kavira, Katsiravwenge
3.
Kasereka, Kamate, Kabuyaya
3. Kaswera, Kavugho
4.
Kakule
4. Mbambu, Kahambu
5.
Katembo, Tembo
5. Katungu,
6.
Mbusa
7. Katya
6. Kyakimwa
8.
Ndungo (cadet)


7. Nzyavake
8. Katya, Kalivanda
A partir du neuvième enfant, on recommence au début, c'est-à-dire, par Paluku s’il s’agit d’un garçon ou Masika si c’est une fille. D’où, dans une famille, il y a lieu de trouver deux Paluku ou deux Kavira. Le nom Muhindo désigne un enfant du sexe masculin qui vient après une ou plusieurs filles. Exemple : les parents peuvent avoir rien que des filles jusqu’à Kahambu, si par chance l’enfant qui va naitre est un garçon, il porte le nom Muhindo et le garçon qui sera né après Muhindo, porte le nom Kambale et la liste des garçons peut continuer normalement. La première fille qui va naitre après un ou plusieurs garçons porte le nom Kahindo. Une fille qui viendra après elle, est nommée Kavira. S’il y a alternance, les garçons suivront l’ordre des garçons, de même pour les filles. Mais par défaut, il n’est pas étonnant de trouver des hommes du nom de Kahindo et des femmes du nom de  Muhindo.
Par ces noms, on perçoit immédiatement quel ordre l’enfant occupe dans la famille. Dans la même perspective, on n’appelle pas un parent par son nom, on l’identifie par son fils ou sa fille : le papa ou la maman d’un tel. Les rapports entre les personnes varient selon les types de relations que ces personnes entretiennent entre elles : appeler quelqu'un père fait transparaître l'autorité et la protection ; mère, l'affection ; oncle, la familiarité, et grand-père, l'ami ou le frère.
L’appellation grand frère connote une ascendance qui exige le respect et l'obéissance, celle de cousine implique l'amitié profonde, la belle-famille, un dialogue sincère avec des sentiments respectueux accompagnés de honte. La grand-mère peut appeler son petit-fils son mari pour témoigner par plaisanterie de quelle affection il l’entoure. Dans le même ordre, il existe des relations amicales de plaisanteries fâcheuses entre les cousins (ekyavise). Ces insultes ne sont pas sanctionnées car, en réalité, elles ne cherchent pas à nuire à la personne. Bien que monogamique et exogamique, la culture tolère néanmoins la polygamie pour certaines personnes, dans des circonstances particulières. L'exiguïté du domicile, les nombreux visiteurs qu'ils reçoivent, ainsi que les longues tournées dans leur royaume justifient la polygamie pour les chefs. Certains, pour des raisons de richesse, de prestige peuvent se faire polygames. Ils vivent, cependant, psychologiquement en marge de la société qui ne reconnaît que la première épouse comme mère et reine (omughole).
Il existe culturellement des cas de polygamie et de polyandrie vécus dans la clandestinité et dans des domiciles séparés. Ces situations sont des mesures palliatives à la stérilité de l’un des conjoints. Elles peuvent se rencontrer aussi dans les circonstances qui permettent l'adoption de la veuve (erisighalya) de son frère ou un remariage avec la sœur d'une épouse stérile ou décédée. Le but poursuivi est de donner une progéniture à la famille, de maintenir la stabilité du foyer et de sauvegarder les relations harmonieuses nées de l'alliance matrimoniale entre les deux familles.
Ces valeurs de stabilité de la famille, accompagnées du souci d'assurer une continuité linéaire des ancêtres dans la progéniture, incitent les Nande à éviter le divorce. Ce dernier peut être permis lors de la stérilité et de l'impuissance de l’un des conjoints. Pour maintenir l’alliance contractée entre les deux familles, du côté de la conjointe, il arrivait que la belle-famille donne une autre fille au garçon, moyennant une dot symbolique. Dans le cas de l’homme, le frère mari stérile ou impuissant donnait une progéniture à la femme. Ces situations extrêmes étaient des cas rares. Ces solutions tournaient autour de la dot (10 chèvres) difficile à restituer par la belle-famille dans le cas de la maladie de la conjointe, et inversement de l’amour difficile à rompre quand la conjointe aime son mari. En tout, l’alliance matrimoniale à sauvegarder commandait aux attitudes à prendre dans ces situations de maladie.
L'infidélité réitérée de l'épouse, l'aversion naturelle, l'entêtement, la paresse, la fuite de la femme de son toit conjugal, et, parfois, les maladies incurables pouvaient conduire au divorce si la partie concernée ne parvenait pas à amender son comportement. Cette blessure sociale ne brise pas nécessairement les relations entre les deux familles qui entretiennent souvent de bonnes relations amicales qui vont jusqu'à l'obligation morale d'entraide et à la solidarité. Ce vécu familial nous pousse à dégager les différents caractères et fonctions de la famille. Elle comporte une dimension religieuse et sacrée, et elle joue un rôle culturel et politique. Par ailleurs, elle a une fonction sociale, éducative, et économique. Par sa fonction régénératrice de la vie  qui procède de Dieu et par son lien de solidarité entre les vivants et les défunts, la famille revêt un caractère sacré et religieux à tel point qu'elle peut être comprise comme le lieu spirituel  unissant les hommes qui remontent à l'ancêtre mythique commun situé dans un temps reculé. Dans cette vision, la naissance suivie du rite de l'exposition du nouveau-né au soleil, est prise comme une épiphanie de l'ancêtre dans l'enfant qui peut même porter son nom.
L'union à l'ancêtre commun pousse la famille à exercer une certaine fonction politique dans la communauté. Le fait d'être parent implique une responsabilité vis-à-vis de son foyer et de la société. Ainsi, le chef de la famille (mukulu wa vandu) ou aîné du clan participe avec sa suite à la gestion communautaire de la vie du clan et du village. Il préside les palabres familiales, représente le clan dans les affaires interclaniques, communique les décisions qui en découlent, et enseigne l'histoire de sa famille et du village (evinywa vy'eka) aux siens. Il a aussi une fonction religieuse, celle d’être l’officiant lors des sacrifices aux mânes des ancêtres familiaux.
Cette relation avec le village confère à la famille une fonction d'éducation et de socialisation  qui va de la famille restreinte (nucléaire) à la famille élargie qui comprend ceux qui sont unis par les liens de consanguinité, de pacte de sang, d'adoption, d'appartenance au patrimoine ancestral, et des liens d'alliances matrimoniales.

CONCLUSION

Pour clore notre petit débat sur la vie familiale Nande, nous pouvons dire en gros que la famille se prête comme un lieu de l'approfondissement de la connaissance de soi et de socialisation  par l'initiation à la vie communautaire disciplinée constituée de personnes équilibrées et de caractère (omutima) courageux (omuhwa) et fermes (ovulume), et animées d’un esprit de collaboration et de coresponsabilité (ovwangiriri). Cet apprentissage initie à l'habileté, à la promptitude dans l'action, au goût du travail (ovukali) bien fait et incite à l'esprit d'initiative, à savoir se débrouiller (amenge) et se défendre (eriyilwirako).
Enfin, la famille a un rôle d'éducateur à la vie économique dont la source est la terre ancestrale (eririma) qu'il faut exploiter en commun dans l'entraide (ovuwatikania) et le partage des produits personnels et de la communauté. Cette terre ancestrale est un don et un héritage inaliénable qu’il faut défendre contre l’usurpateur. L’attachement à cette terre maintient la famille dans la cohésion, la solidarité et l’interdépendance mutuelle.



SOURCE
La vie familiale nande : https:// www. 
Google.fr/#q=la+vie+familiale+nande.



vendredi 22 avril 2016

La PAQUE DANS LES RELIGIONS JUIVE ET CHRETIENNE: CAS DE L'AN 2016.




 INTRODUCTION

La perspective de notre recherche est de savoir la raison pour laquelle les grandes
religions du monde célèbrent la Pâque. En effet, si l’Eglise catholique romaine l’a fêtée le 27 mars 2016 (du calendrier Grégorien), la religion juive la commémore à partir de ce 14 Nissan de l’an 5776 du calendrier juif (c’est-à-dire à partir du couché  du soleil de ce 22 avril 2016 du calendrier Grégorien), tandis que l’ Eglise Grecque orthodoxe va la célébrer le 09 avril 2016 du calendrier julien (correspondant au 01 mai du calendrier Grégorien).
Les mots « Pâque » ou « Pâques » viennent du latin pascha emprunté au grec πάσχα, lui-même, par l'intermédiaire de l'araméen pasḥa, issu de l'hébreu biblique pesaḥ, dérivé du verbe pasaḣ qui signifie « passer au-dessus » car, selon la bible, les juifs avaient reçu l'ordre de sacrifier un agneau indemne de toute tare et d'en badigeonner le sang sur les montants des portes afin que les puissances qui viendraient détruire les premiers nés égyptiens lors de la dixième plaie, passent au-dessus de ces portes sans s'arrêter. Chaque année les juifs commémorent cet événement lors de la fête de Pessa'h. La Passion du Christ s'étant déroulée, selon les évangiles, durant ses célébrations, le christianisme a recyclé cette fête et sa symbolique, le Christ devenant l'agneau immolé pour sauver l'humanité de ses péchés. C'est seulement après le XVe siècle que la distinction sémantique a été marquée par la graphie entre Pasque (ou Pâque) désignant la fête juive et Pasques (ou Pâques) désignant la fête chrétienne.
I.                   LA PAQUE JUIVE : PESSAH
La Bible décrit la célébration de la Pâque de la manière suivante :
« Ce mois sera pour vous en tête des autres mois, il sera pour vous le premier mois de l'année. Parlez à toute la communauté d'Israël et dites-lui: Le dix de ce mois, que chacun prenne une tête de petit bétail par famille, une tête de petit bétail par maison. Si la maison est trop peu nombreuse pour une tête de petit bétail, on s'associera avec son voisin le plus proche de la maison, selon le nombre des personnes. Vous choisirez la tête de petit bétail selon ce que chacun peut manger. La tête de petit bétail sera un mâle sans tare, âgé d'un an. Vous la choisirez parmi les moutons ou les chèvres. Vous la garderez jusqu'au quatorzième jour de ce mois, et toute l'assemblée de la communauté d'Israël l'égorgera au crépuscule. On prendra de son sang et on en mettra sur les deux montants et le linteau des maisons où on le mangera. Cette nuit-là, on mangera la chair rôtie au feu; on la mangera avec des azymes et des herbes amères. N'en mangez rien cru ni bouilli dans l'eau, mais rôti au feu, avec la tête, les pattes et les tripes. Vous n'en réserverez rien jusqu'au lendemain. Ce qui en resterait le lendemain, vous le brûlerez au feu. C'est ainsi que vous la mangerez: vos reins ceints, vos sandales aux pieds et votre bâton en main. Vous la mangerez en toute hâte, c'est une pâque pour Yahvé. Cette nuit-là je parcourrai l'Egypte et je frapperai tous les premiers-nés dans le pays d'Egypte, tant hommes que bêtes, et de tous les dieux d'Egypte, je ferai justice, moi Yahvé sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous vous tenez. En voyant ce signe, je passerai outre et vous échapperez au fléau destructeur lorsque je frapperai le pays d'Egypte. Ce jour-là, vous en ferez mémoire et vous le fêterez comme une fête pour Yahvé, dans vos générations vous la fêterez, c'est un décret perpétue » (Exode 12, 1-14).
En 2016, la Pâque juive est célébrée à partir du 23 avril. Vendredi 22 avril 2016 au coucher du soleil commence Pessah, ou la Pâque juive. Le premier véritable jour de fête sera donc le jour suivant, le samedi 23 avril 2016. Les festivités prendront fin au soir du samedi 30 avril 2016.
Les rites associés à Pessah :
- L’interdiction de manger toute nourriture contenant de la levure (’Hametz) pendant la fête (on ne mange pas de pain, pâtes...)
- Le commandement de manger des matzot, c’est à dire du pain n’ayant pas levé (azyme)
- Le récit de la sortie d’Égypte et l’évocation des miracles qui s’y sont déroulés (Haggada)

Le Séder est le repas rituel pris les deux premiers soirs de la fête juive de Pâque (seulement le premier soir en Israël). Au cours de ce dîner, on lit la Haggada qui retrace l’histoire de l’Exode des Hébreux hors d’Égypte où ils étaient réduits en esclavage, d’après la tradition biblique.
Le Séder répond au commandement religieux que tous les Israélites doivent rappeler et transmettre dans leurs familles le souvenir de la libération divine.
La composition du Séder
Les Juifs utilisent un plateau spécifique à l’occasion du Séder ; celui-ci doit comporter les sept éléments suivants :
- Trois Matsoth, du pain azyme, disposées l’une au-dessus de l’autre, chacune couverte séparément ;
- du Karpass, des herbes vertes (céleri, persil, radis...) ;
- de l’eau salée pour rappeler le goût des larmes des enfants d’Israël pendant leur esclavage ;
- du Maror, des herbes amères, pour rappeler l’amertume de la vie en Égypte (romaine, laitue, endives, raifort...) ;
- de la ’Harosset, un mélange fait à base de pommes, noix et cannelle dans du vin, symbole du mortier utilisé par les esclaves hébreux pour la fabrication des briques ;
- Zeroa : un os avec un peu de viande, grillé sur des braises pour rappeler le sacrifice de l’agneau Pascal à l’époque du Temple de Jérusalem ;
- Beytsa : un œuf dur, en souvenir de la destruction du Temple de Jérusalem.
Tout au long du récit de l’Exode, ces aliments sont utilisés comme symboles pour rappeler différents aspects de l’histoire rapportée par la Torah. Quatre coupes de vin (ou jus de raisin) sont bues par chaque convive à des moments spécifiques du Séder. Un dîner est également servi pendant le Séder. On dresse la table la plus belle possible, en signe de liberté. A chaque origine un plat différent : les juifs ashkénazes mangent de la carpe à la juive, une soupe chaude contenant des boulettes de farine de matsa : "les kneidlers" ; les juifs tunisiens se régalent avec le "msoki", sorte de ragoût de légumes, et le "fadd" d’agneau ; chez les Algérois, on sert un mets semblable, la "sqiya", plat de légumes et viande et matsot brisées[1].
II.                 LA PAQUE CHRETIENNE
Pâques est la fête la plus importante du christianisme. Elle commémore la résurrection de Jésus-Christ, que le Nouveau Testament situe le surlendemain de la passion, c'est-à-dire « le troisième jour »Jean 20,1-18). La solennité commence le dimanche de Pâques, qui pour les catholiques marque la fin du jeûne du carême, et dure huit jours (semaine de Pâques, semaine radieuse ou semaine des huit dimanches) (voir calendrier chrétien). Le pluriel de Pâques ne fait pas référence à une pluralité de dates. La langue française distingue en effet la Pâque originelle juive (ou Pessah) et la fête chrétienne de Pâques. La première commémore la sortie d'Égypte et la liberté retrouvée des enfants d'Israël. La fête chrétienne est multiple. Elle commémore à la fois la dernière Cène instituant l'eucharistie, la Passion du Christ et sa Résurrection.
La date de Pâques est fixée au premier dimanche après la première pleine lune qui suit le 21 mars, donc au plus tôt le 22 mars, si la pleine lune tombe le soir du 21 ; et au plus tard le 25 avril. Il convient de préciser qu'il ne s'agit pas de la lune observée, mais d'une lune dite ecclésiastique, méthode de calcul traditionnelle approchée. Les Églises occidentales ayant adopté à la fois la réforme grégorienne du calendrier et une correction concomitante pour le cycle lunaire ont souvent un jour de célébration différent de celui des Églises orthodoxes (le décalage pouvant être de 0, 1, 4, ou 5 semaines, selon les années). Il existe aussi certaines Églises chrétiennes qui choisissent de pratiquer la Pâque quartodécimaine en concordance avec la Pâque juive[2].
CONCLUSION
Les religions juive et chrétienne célèbrent la Pâque chaque année. L’élément commun est «passage ». Si la première commémore la sortie d’Egypte, c’est-à-dire, le passage de l’esclavage à la libération, la deuxième signifie, le passage de la mort à la vie, c’est-à-dire de la passion, de la mort et de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. Les Eglises chrétiennes s’accordent sur cette dernière.