lundi 5 septembre 2016

Les Deux Disciples d’Emmaüs et l’Emmaüs de Deux Disciples.


Introduction

 Notre  Seigneur Jésus-Christ, dès le début de sa vie publique, a eu pour
disciples  des hommes et des femmes d’origine bien variée. Dans les villes et villages qu’il parcourait, dans les synagogues où il enseignait, des foules et des foules le suivaient. Sa renommée allait de plus bel. La Nouvelle se répandait jusque dans les coins où il n’a même pas été. De partout, on venait écouter son enseignement et chercher la solution à divers problèmes puisqu’il  guérissait toute infirmité. Cela se vérifie déjà au bord du lac de Tibériade où il  accomplit des miracles. De Galilée à Jérusalem, sa mission est marquée par l’accomplissement des signes et des prodiges. Ce qui lui donne une grande célébrité dans tout Israël. De sa naissance jusqu’à son ascension en passant par sa vie publique, sa passion, sa mort sur la croix et sa résurrection, bien de gens portent la Nouvelle dans les villes et villages. Les noms de ces derniers sont cités dans la Sainte Ecriture. Celui qui nous intéresse ici est Emmaüs cité en Luc 24, 13-35, en parlant de l’apparition de Jésus, après sa résurrection, aux disciples qui se dirigeaient vers le village.

 Nous allons lire le passage de l’Evangile de Saint Luc qui montre qu’ils sont d’Emmaüs, village que nous cherchons à identifier parmi d’autres localités qui portent ce nom. Nous nous appuierons sur les Saintes Ecritures et sur quelques auteurs afin de renchérir cet écrit qui verra son objectif atteint sans avoir l’intention d’être exhaustif. 

I.                  Les deux disciples d’Emmaüs

L’unique fois que l’on parle de « deux disciples d’Emmaüs » se situe dans le contexte de la résurrection du Seigneur et de ses diverses apparitions. En effet, il y eut 5 apparitions le même jour de la résurrection :
1.     A Marie-Madeleine (Jean 20, 11-18)
2.     Aux Saintes femmes (Mathieu 28, 8-10)
3.     A Saint Pierre (Luc 24, 34)
4.     Aux deux disciples d’Emmaüs (Luc 24, 13-35)
5.     A tous les Apôtres (sauf Saint Thomas) et aux disciples réunis au cénacle (Jean 20, 19-24 ; Luc 24, 36-43 ; Marc 16, 14).
Les Evangélistes ne parlent pas trop de deux disciples d’Emmaüs. Toutefois, Marc et Luc nous en rapportent le récit. Marc ne donne pas trop de détails. Au contraire, Luc va jusqu’à citer le nom de Cléophas sans pour autant identifier le second disciple. Comment découvrirons-nous le nom du second ? Nous nous appuierons certainement sur d’autres Evangiles. Pour le moment, lisons les passages qui intéressent notre argument.
Marc 16, 12-13
«12 Après cela, il se manifesta sous d'autres traits à deux d'entre eux qui
étaient en chemin et s'en allaient à la campagne. 13 Et ceux-là revinrent l'annoncer aux autres, mais on ne les crut pas non plus ».
Luc 24, 13-35.
«13 Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux faisaient route vers un village du nom d'Emmaüs, distant de Jérusalem de 60 stades, 14 et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. 15 Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s'approcha, et il faisait route avec eux; 16 mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. 17 Il leur dit: "Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant?"  Et ils s'arrêtèrent, le visage sombre. 18 Prenant la parole, l'un d'eux, nommé Cléophas, lui dit: "Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui y est arrivé ces jours-ci" 19 "Quoi donc?" Leur dit-il. Ils lui dirent: "Ce qui concerne Jésus le Nazaréen, qui s'est montré un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, 20 comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié. 21 Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait délivrer Israël; mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées! 22 Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, stupéfiés. S'étant rendues de grand matin au tombeau 23 et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues nous dire qu'elles ont même eu la vision d'anges qui le disent vivant. 24 Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit; mais lui, ils ne l'ont pas vu!" 25 Alors il leur dit: "O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes! 26 Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire?" 27 Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. 28 Quand ils furent près du village où ils se rendaient, il fit semblant d'aller plus loin. 29 Mais ils le pressèrent en disant: "Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme." Il entra donc pour rester avec eux. 30 Et il advint, comme il était à table avec eux, qu'il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. 31 Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent... mais il avait disparu de devant eux. 32 Et ils se dirent l'un à l'autre: "Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures?" 33 A cette heure même, ils partirent et s'en retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, 34 qui dirent: "C'est bien vrai! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon!" 35 Et eux de raconter ce qui s'était passé en chemin, et comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain ».
Comme nous venons de le lire, il n’y a que Cléophas qui est nommé. A ce sujet,  Sabino de Sandoli nous rapporte que, d’après la tradition la plus ancienne (Hégésippe, Memorabilia AD 180, cité par Eusèbe, Hist. eccl. III,C. 11 et 20), ce disciple serait un frère de Saint Joseph, époux de la Vierge Marie. Des liens de parenté très étroits du fait des mariages d’alors entre Hébreux, firent de Saint Cléophas un cousin et à la fois un beau-frère de la Sainte Vierge Marie et un oncle de Notre Seigneur. Ceci veut dire que Saint Joseph et Saint Cléophas sont frères du fait d’avoir épousé dans une même famille. Saint Joseph est époux de la Vierge Marie et Saint Cléophas, est époux de Marie, cousine à la Vierge Marie. Ce qui fait que Cléophas soit Beau-frère de la Vierge Marie et Oncle de Jésus. Tout cela, c’est selon les liens de mariage entre Hébreux. Le nom de Cléophas, on le retrouve encore dans l’Evangile de Saint Jean 19, 25 « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère, la sœur (dans un sens général, c’est-à-dire, la cousine) de sa mère, Marie, femme de Cléophas et Marie de Magdala ».
Les interprètes de la sainte écriture (Hésésippe, auteur d’une histoire qui va de la passion de Jésus jusqu’à son époque, Saint Jérôme…) sont unanimes à affirmer qu’il s’agit de la femme du disciple d’Emmaüs, appelé aussi, selon l’usage hébraïque, Marie, mère de Jacques (le mineur, selon Marc 15,40) et de Joseph (Mathieu 27,55-56 ; Marc 15,40 ; Luc 24,10). Ainsi, Cléophas et Marie avaient quatre fils, selon l’Evangile, et deux filles, selon une ancienne tradition (Hésésippe) basée d’ailleurs sur l’Evangile : « N’est-il pas le fils du charpentier ? N’a-t-il pas pour mère la nommée Marie et pour frères (cousins) Jacques, Joseph, Simon et Jude (Thaddée) ? Et ses sœurs (cousines) ne sont-elles pas parmi nous ?» (Mt 13, 55 et Mc 6,3)[1].
C’est cela que Sabino de Sandoli appelle la Sainte famille d’Emmaüs comme modèle de vie chrétienne.
     1.     La Sainte famille d’Emmaüs, modèle de vie chrétienne
Nous avons déjà illustré que la Sainte famille d’Emmaüs est composée du père Cléophas, de la mère, Marie, de quatre fils et de deux filles dont nous allons parler dans la suite.  Cléophas a déjà fait l’objet du paragraphe précédent. Il reste à dire que, dans le calendrier liturgique, sa fête est fixée au 25 septembre. 
Que dire de sa femme, Marie ? En effet, Marie de Cléophas était aussi une de ces pieuses femmes qui suivaient Jésus et le servaient lorsqu’il était en Galilée (Mt15, 40) tandis que beaucoup d’autres (de la Galilée) étaient venues à Jérusalem… elle était au calvaire auprès de la Vierge et y resta pour assister à la sépulture de Jésus (Mt 27, 56-61 ; Mc 15, 40-47). Au lendemain du sabbat, le matin, elle se rendit au sépulcre pour oindre le corps de Jésus, et ayant appris sa résurrection par l’ange, elle revenait vers le cénacle, lorsque tout à coup, sur le chemin, le Seigneur leur apparut à toutes (Mt 28, 1-9 ; Mc 16, 1 ; Lc 24,10). Puis on ne parle plus d’elle dans la Sainte Ecriture. Mais sans aucun doute, elle a dû passer le reste de sa vie dans une grande sainteté, à méditer la doctrine et les œuvres du Seigneur, dont elle avait été le témoin. La fête de Sainte Marie de Cléophas se célèbre le 9 avril.
Les enfants de ces deux saints époux jouirent d’une grande considération après la mort de Jésus.
    1.     Saint Jacques, surnommé le « Mineur » dans l’Evangile pour le distinguer de l’autre Apôtre Saint Jacques, dit le Majeur, qui fut choisi en premier par le Seigneur. En Mt 10, 3, il est appelé Jacques d’Alphée, Alphée étant la forme araméenne de Cléophas, donc il s’agit de Jacques, frère (cousin germain) du Seigneur et Apôtre. Il fut, pendant de nombreuses années, premier évêque de Jérusalem. Saint Paul l’appelle colonne de l’Eglise et de la foi (Gal 2, 9). Il fut martyrisé dans la cité Sainte en l’an 62. Hégésippe dit qu’il fut précipité du haut du pinacle du temple, puis lapidé et tué sous les coups de bâton d’un cardeur (Eusèbe, Hist. eccl. II, 23). On célèbre sa fête le 03 mai.
    2.     Joseph, dit Barsabbas (Ac 1, 23) frère (cousin) de Jésus et l’un des 72 disciples. Candidat avec Matthias à l’élection d’apôtre à la place de Judas Iscariote. Mort martyr en Judée. Fête, le 20 juillet.
    3.     Jude Thaddée, appelé frère (cousin) du Seigneur, frère de Jacques (Ac 1,13), l’un des 12 Apôtres. Il prêcha la foi du Christ dans le Moyen-Orient. Mort martyr en Perse. Sa fête, le 28 octobre.
   4.     Siméon, frère (cousin) du Seigneur, l’un des 72 disciples, deuxième évêque de Jérusalem pendant 43 ans. Mort crucifié en l’an 107 à l’âge de 120 ans, à Jérusalem (Hégésippe chez Eusèbe, Hist. eccl. III c. 32). Fête, le 18 février.
    5.     Salomé, considérée par les anciens historiens (Hégésippe, Eusèbe…) comme la fille aînée de Saint Cléophas d’où l’appellation de sœur (Cousine) du Seigneur (Mt 13, 56). Elle le suivait partout (Mc 15, 41 ; Lc 23, 49) et était près de la croix avec la Vierge (Mc 15, 40). Elle était appelée aussi Mère des fils de Zebedée : Jacques le Majeur et Jean (Mt 27, 56), donc épouse de Zebedée. C’est elle qui, poussée par son amour maternel, demanda pour ses deux fils à Jésus les premières places dans son royaume (Mt 20, 20). Elle se rendit avec les autres saintes femmes au sépulcre, où elle apprit la résurrection de Notre Seigneur. La tradition veut qu’elle soit morte saintement à Jérusalem. Fête, le 22 octobre.
    6.     Marie ( ?) : les textes de Saint Mathieu et de Saint Marc « Et ses sœurs ne sont-elles pas parmi nous ? » ont fait penser aux premiers chrétiens que Cléophas avait une autre fille du nom de Marie. Mais nous n’avons, à ce sujet, aucune certitude.
Nous comprenons par ici que Saint Cléophas fut le chef d’une famille d’Apôtres, de fidèles disciples du Seigneur, et donc des Saints. C’est ce qui fait dire à Sabino de Sandoli qu’après la Sainte famille de Nazareth, celle d’Emmaüs est à considérer comme un parfait modèle de vie chrétienne[2].
Après avoir parlé de la famille de Cléophas, il reste à identifier le second disciple d’Emmaüs.
     2.     Le deuxième disciple d’Emmaüs, compagnon de Cléophas.
Les Evangiles ne donnent pas, avec précision, le nom du deuxième disciple d’Emmaüs. Toutefois, certains ont pensé à l’Evangéliste Saint Luc qui, par modestie, aurait voulu taire son nom. Mais dès le début de son Evangile, il s’exclut du nombre des 72 disciples de Jésus ; il dit, en effet, que ce qu’il écrit, il le tient de ceux qui furent dès le commencement des témoins oculaires et serviteurs de la Parole (Luc 1,1-4).
Une ancienne tradition chrétienne (Hégésippe, Origène,…) nous transmet le nom de Saint Siméon (Simon) qu’elle considère comme le dernier des fils de Cléophas ; les trois autres étant restés à Jérusalem avec les disciples, comme on peut le conclure avec Marc 16, 13-14 : « Et ceux-là revinrent l’annoncer aux autres, mais on ne les crut pas non plus. Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table et il leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l’avaient vu ressuscité »[3].
 Le nom de Siméon ne revient pas dans le récit puisque c’est Cléophas qui avait répondu à la demande de Jésus. En effet, c’est le plus âgé qui répond au voyageur, comme le veulent les bienséances. Cette coutume de bonne éducation est très en honneur en Orient. Saint Cléophas, selon les calculs les plus probables, avait plus de 70 ans, et Saint Siméon en avait environ 45.
Tandis que nous avons parlé, en suffisance, des noms de deux disciples d’Emmaüs, cherchons maintenant à connaître le nom du village où ces voyageurs  dirigeaient leurs pas.

II.               L’Emmaüs de deux disciples

Les Evangiles (Marc et Luc) démontrent que le village où les deux disciples dirigeaient leurs pas, se situe en-déhors de Jérusalem. A en croire Sabino de Sandoli, partant du cénacle, lieu de réunion des disciples, les disciples d’Emmaüs dirigeaient leurs pas, hors de Jérusalem, vers le Nord-Ouest, selon tous les exégèses.
En latin, Saint Marc utilise la parole « Villam », la campagne ; et Luc, « Castellum », le village. Tous deux veulent dire un petit groupe de maisons, c’est-à-dire une bourge.
Saint Marc n’a pas jugé nécessaire de désigner ce bourg perdu dans les montagnes de la Judée, certainement inconnu de la plupart des Juifs résidant en Palestine.
Saint Luc, au contraire, écrivant pour les Juifs de la Diaspora et pour les chrétiens de l’empire romain, a eu le souci, ici comme ailleurs, de noter le nom de ce petit village et sa distance de Jérusalem.
Malheureusement, les guerres, les tremblements de terre,  les épidémies ou les émigrations ont effacé sur ce coin de terre, comme en d’autres villages autour d’Emmaüs, toute trace de vie sociale. C’est pourquoi il a été impossible aux chrétiens des premiers siècles, de retrouver ce lieu évangélique. A ce sujet, Jean Briand écrit ceci : « Le site de l’Emmaüs évangélique s’est perdu très tôt. Au IVe  siècle on l’identifia avec l’Ammaus maccabéen. On chercha dès lors à harmoniser les distances en changeant les 60 stades du texte en 160, leçon qui se rencontre sporadiquement dans les manuscrits. Mais la critique textuelle aussi bien que la critique historique s’opposent à cette identification. Depuis la fin des croisades, la vénération du souvenir s’est fixée à Qoubeibèh, où s’élève le sanctuaire reconnu par l’Eglise »[4].
C’est cela que nous explique Sabino de Sandoli quand il dit que, jusqu’au XIème siècle, l’apparition de Jésus aux deux disciples a été honorée dans d’autres localités portant le même nom. Une de ces villes privilégiées, appelée Amwas ou Emmaüs, à 160 stades ou environ 30 km de Jérusalem, à moitié chemin entre la ville sainte et la méditerranée, était très connue des Juifs par la victoire célèbre de Judas Macchabée (166 av. J.C.) contre l’armée syrienne de Nicanor et de Gorgias (I Mc. 3, 10 et 4,3). Fortifiée par Bacchidès en 160 (I Mac. 9, 50), ayant refusé de payer le tribut aux Romains, elle fut châtiée par Cassius en 43 av, J.C) mais en 42, elle recouvra la liberté des mains de Marc-Antoine ; en 38 av. J.C, Machera lieutenant de Vendidius, proconsul de la Syrie, par haine d’Hérode, se vengea contre les habitants d’Emmaüs. Incendiée par Varus en l’an 4 av, J.C, elle fut reconstruite en 66, elle reçut le nom de Nicopolis en souvenir de la victoire des Romains en 70 sur tous les Juifs de la Palestine.
Ce n’est certainement pas de cet Amwas-Nicopolis si connu dans l’l’histoire, qu’auraient voulu parler ni Saint Marc, ni Saint Luc. D’ailleurs Luc écrit expressément le mot village (Castellum) pour le différencier de la ville (Polis) de Nicopolis comme indiquée dans le livre des Macchabées. Mais l’identité du nom, la résistance de la cité en bute à tant de vicissitudes dans l’histoire, sa position idéale au croisement de routes importantes, sont autant de raisons qui ont pu militer pour la mémoire de l’apparition de Jésus aux deux disciples non plus à un Emmaüs, village à 60 stades, mais à la grande ville d’Amwas-Nicopolis à 160 stades de Jérusalem.
Le stade romain était une mesure de longueur équivalant à 184,36 m. En multipliant par 60, nous avons une distance de 11km et 61,6m entre Jérusalem et l’Emmaüs indiqué par Saint Luc 24, 13.
Le lieu fut retrouvé au temps des croisades, quoique d’une façon assez confuse, comme pour d’autres lieux bibliques. A la fin des croisades, lorsque les itinéraires décrits par les pèlerins furent mieux connus, la tradition de l’Emmaüs à 60 stades fut plus ferme et plus sure. Le témoignage de l’Emmaüs identifié à El Qoubeibeh se trouve déjà dans un guide de l’an 1280 ap. J.C.
Les Franciscains fixèrent cette tradition en instituant bien vite un pèlerinage liturgique pour le lundi de Pâques. En souvenir du fait évangélique, on célèbre des prières, qui furent ensuite imprimées dans un recueil en 1555, par le P. Boniface de Raguse (Dalmatie). Interrompu en 1687, le pèlerinage fut repris en 1852, en y ajoutant la célébration de la messe votive de l’apparition de Jésus ressuscité.
Une nouvelle église fut érigée en 1901, et élevée au rang de Basilique par Benoit XV. Tous les ans, le lundi de Pâques et le 25 septembre, en la fête de Saint Cléophas, le Révérendissime P. Custode de Terre Sainte (Supérieur des Frères Franciscains de Terre Sainte) y célèbre une Messe pontificale.

III.           La Basilique d’Emmaüs.

Nous avons déjà dit ci-haut que cette Basilique se trouve à Emmaüs El-
Qoubeibeh, située à 60 stades (11,61km) de Jérusalem, sur 800 m, au-dessus du niveau de la mer méditerranée. Elle a été construite sur l’ancienne église  (croisade) en 1901 et consacrée par le Card. Ferrari, Archevêque de Milan, en octobre 1902. Elle est l’œuvre de l’architecte Fr Vendelino de Menden, Franciscain, aidé de son confrère le P. Barnabé Meistermann, qui cherchèrent à conserver scrupuleusement les restes anciens, pour que la Basilique se présentât presque comme elle pouvait être au Moyen-âge.
Sur la route, s’ouvre un portail au-dessus duquel est écrit, « Domine mane nobiscum », « Reste avec nous, Seigneur ».
Au-dessus de la porte d’entrée de la Basilique, nous voyons un tryptique en céramique. On voit Jésus invité par les deux disciples à l’expression humble et affectueuse. En haut, nous pouvons lire : « Ecce duo ex illis ibant ipsa die in castellum quod erat in spatio stadiorum sexaginta ab Jerusalem nomine Emmaus» (Voici que, ce même jour, deux d'entre eux allaient vers un village du nom Emmaus distant de 60 stades de Jérusalem).
Longue de 32,30m et large de 20m, la Basilique est divisée en 3 nefs. Celle du Nord enserre la maison de Saint Cléophas, dont les fondements sont conservés sous de larges dalles de marbre rouge, où on peut les voir grâce à un regard de verre. Cette maison ancienne est de forme rectangulaire, et son orientation n’est pas tout à fait parallèle à celle de la Basilique. Il est évident que ces fondations existaient avant la construction de la Basilique des croisés, et rien n’empêche qu’elles soient du temps de Jésus. Sur le mur du fond, une plaque de marbre blanc indique la sépulture de la Marquise Pauline de Nicolay, née à Paris en 1811, venue en Terre Sainte en 1858, qui acquit le sanctuaire en 1863 avec sa part d’héritage.
Vers l’Est de la maison de Cléophas, a été dressé un gracieux petit autel de marbre blanc, en forme de sarcophage strié, où prêtres et fidèles renouvellent avec foi et piété la Cène d’Emmaüs.
Le chemin de croix, sur bas-reliefs, de bois, est l’œuvre de la Maison Stuflesser di Ortisei (S. Ulrich), Trentin-Italie. En récitant un Pater, Ave et Gloria, on peut gagner une indulgence plénière[5].

Conclusion

Les deux disciples d’Emmaüs, comme nous l’avons bien retenu des Evangiles et de l’ancienne tradition, sont bel et bien, Saint Cléophas et Saint Siméon. Concernant le compagnon de Cléophas, point n’est besoin de tomber dans la confusion quant à la transcription du nom, car Siméon et Simon signifie la même chose. Ce sont donc à ces deux que le Seigneur ressuscité apparut tandis qu’ils se dirigeaient vers leur village d’origine, le jour même de la résurrection.
L’identification de l’Emmaüs de ces deux disciples fait objet d’une discussion au sein des chercheurs en ce sens qu’il existe d’autres localités qui portent ce nom et que le même événement y ait été célébré au cours des siècles. Ce n’est qu’au onzième siècle que les croisés, grâce aux fouilles archéologiques, trouveraient ce lieu. Ils y érigèrent une église sur les fondements desquels, les Frères franciscains construiront une Basilique en 1901. Celle-ci est alors reconnue par toute l’Eglise comme érigée sur la maison de Cléophas, lieu de la cène d’Emmaüs, situé à 60 stades (11km et 61,6m) de Jérusalem. C’est à Emmaüs El-Qoubeibeh.
Aujourd’hui, c’est un lieu de prière  et de dévotion pour des milliers des pèlerins du monde entier qui y sont accueillis par les Frères Mineurs Franciscains, gardiens des Lieux Saints.


BIBLIOGRAPHIE

            1.      BRIAND J., Guide de Terre Sainte, Franciscan Printing Press, Jérusalem,    
                            1979.
2.      SABINO DE SANDOLI, Le Sanctuaire d’Emmaüs et les lieux Bibliques    
                                          voisins, Imprimerie des PP. Franciscains, Jérusalem,       
                                          1966.




[1] SABINO DE SANDOLI, Le Sanctuaire d’Emmaüs et les lieux Bibliques voisins, Imprimerie des PP. 
                                             Franciscains, Jérusalem, 1966, p. 8-10.
[2]  SABINO DE SANDOLI, Le Sanctuaire d’Emmaüs et les lieux Bibliques voisins, p.10-12.
[3] Cf. SABINO DE SANDOLI, Le Sanctuaire d’Emmaüs et les lieux Bibliques voisins, p.10-12.
[4] J. BRIAND, Guide de Terre Sainte, Franciscan Printing Press, Jérusalem, 1979, p. 219.
[5] Cf. SABINO DE SANDOLI, Le Sanctuaire d’Emmaüs et les lieux Bibliques voisins, p.22-26.

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