vendredi 19 août 2016

La Transfiguration du Seigneur, en trois colonnes, dans les Evangiles synoptiques.

INTRODUCTION
La Transfiguration est racontée dans les Evangiles synoptiques
Image de la Transfiguration
comme la manifestation anticipée de la gloire du Seigneur et la prophétie de sa venue du Père. Ce qui met en lumière la dimension pascale et eschatologique de la vie chrétienne. La parole du Père annonce clairement l’adoption de ceux qui écoutent et suivent les pas de Jésus pour en faire participants au mystère de la Transfiguration future et éternelle.
C’est bien cela le trait d’union des Evangiles selon Saint Matthieu, Saint Marc et Saint Luc, dits synoptiques à cause de leurs ressemblances, c’est-à-dire ayant une même vision. Ils racontent le récit de la Transfiguration avec un regard commun et peuvent etre lus en colonnes. Parmi les éléments communs, nous soulignons les noms de trois apôtres (Pierre, Jacques et Jean),  Moise et Elie, et une haute monte montagne. Le nom de cette dernière  ne revient pas. Et pourquoi le Mont Tabor ? Nous le découvrirons dans ce travail. Quelques auteurs nous aideront à répondre à cette préoccupation. Ainsi l’objectif de cet écrit sera atteint sans aucune prétention d’être exhaustif. Lisons d’abord l’Evangile avant de parler du Mont Tabor.

I.     La Transfiguration dans les Evangiles synoptiques

Matthieu 17, 2-9

1 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les emmène, à l'écart,
sur une haute montagne
 Et il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. 3 Et voici que leur apparurent Moïse et Elie, qui s'entretenaient avec lui. 4 Pierre alors, prenant la parole, dit à Jésus: "Seigneur, il est heureux que nous soyons ici; si tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie." 5 Comme il parlait encore, voici qu'une nuée lumineuse les prit sous son ombre, et voici qu'une voix disait de la nuée: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le." 6 A cette voix, les disciples tombèrent sur leurs faces, tout effrayés. 7 Mais Jésus, s'approchant, les toucha et leur dit: "Relevez-vous, et n'ayez pas peur."8 Et eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus, seul. 9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: "Ne parlez à personne de cette vision, avant que le Fils de l'homme ne ressuscite d'entre les morts.

Marc 9, 2-9

 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l'écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux 3 et ses vêtements devinrent resplendissants, d'une telle blancheur qu'aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. 4 Elie leur apparut avec Moïse et ils s'entretenaient avec Jésus. 5 Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus: "Rabbi, il est heureux que nous soyons ici; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie." 6 C'est qu'il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur. 7 Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le."8 Soudain, regardant autour d'eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux. 9 Comme ils descendaient de la montagne, il leur ordonna de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu, si ce n'est quand le Fils de l'homme serait ressuscité d'entre les morts.

Luc 9, 28-36

 28 Or il advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. 29 Et il advint, comme il priait, que l'aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d'une blancheur fulgurante. 30 Et voici que deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et Elie 31 qui, apparus en gloire, parlaient de son départ, qu'il allait accomplir à Jérusalem. 32 Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil. S'étant bien réveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes qui se tenaient avec lui. 33 Et il advint, comme ceux-ci se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus: "Maître, il est heureux que nous soyons ici; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie": il ne savait ce qu'il disait. 34 Et pendant qu'il disait cela, survint une nuée qui les prenait sous son ombre et ils furent saisis de peur en entrant dans la nuée. 35 Et une voix partit de la nuée, qui disait: "Celui-ci est mon Fils, l'Elu, écoutez-le." 36 Et quand la voix eut retenti, Jésus se trouva seul. Pour eux, ils gardèrent le silence et ne rapportèrent rien à personne, en ces jours-là, de ce qu'ils avaient vu.

II.               Le Mont Tabor

Le Mont Thabor, ou Mont Tabor, est une montagne isolée de
Le Mont Tabor
588 mètres d'altitude située au cœur de la
Galilée, en Israël. La route en zigzag est de 4km, des pieds jusqu'au sommet de la montagne.



   1.     Géographie
Du haut de ses 588 mètres, le Mont Tabor domine les vallées
alentour.  Surplombant les environs, il est fréquemment mentionné dans les écrits saints (Jérémie 46,18), (Psaumes 89/88,13). De forme semi-circulaire, l'archéologue Robinson le compare en 1838 à l'un des deux hémisphères terrestres. Le voyageur Stanley le qualifie, en 1853, de demi-sphère parfaite. Le sommet du mont Tabor est pourtant coiffé d'une esplanade légèrement en pente. Paradoxe dont plus d'un visiteur s'étonne à son arrivée. Du fait de son isolement des autres montagnes de Galilée, le mont Tabor semble, et ce de tout temps, beaucoup plus élevé qu'il ne l'est en réalité. Le voyageur Van Agmon en parle en 1720, comme du « mont le plus élevé de la terre d'Israël ». Toutefois, le Mont Hermon en serait le plus élevé, avec ses 2814 m d'altitude.
    2.     Historique
Durant son histoire, le mont Tabor a rarement été occupé. Il revêt cependant une importance stratégique et religieuse. Les témoignages historiques y font peu allusion, mais son nom est toujours lié à des évènements dramatiques et décisifs, tantôt relatifs aux guerres, tantôt aux religions. Ainsi en est-il aux époques du Premier et du Second Temple, ainsi qu'à celles byzantine et croisée dont les Hospitaliers tiennent la forteresse de 1255 à 1263. Les étonnants vestiges archéologiques découverts en son sommet sont eux aussi de nature ou religieuse, ou stratégique, et parmi eux, des églises, des monastères et des fortifications. On ne retrouve, par contre, aucun reste d'habitation. Le mont Tabor est mentionné dans les trois principales religions monothéistes.
    3.     Tradition juive
Dans la bénédiction que prodigue Moïse à Zabulon et Issachar (Deutéronome 33,19), allusion est faite au mont Tabor, qui représente aux yeux des tribus alentours un lieu saint (Juges 4). Il semblerait que le mont Tabor soit déjà vénéré par les Cananéens. À l'époque du Second Temple, on allumait des feux sur le sommet du mont, afin d'annoncer les débuts de mois et les jours de fêtes. Dans la tradition rabbinique, le mont Tabor a été épargné du Déluge.
   4.     Tradition chrétienne
Dans la tradition chrétienne (depuis le IVe siècle), le mont Tabor est lié à l'événement de la Transfiguration. Bien qu'il ne soit pas explicitement mentionné dans le Nouveau Testament, le mont Tabor est lié à l'évènement depuis les temps anciens, et l'on trouve, en son sommet, plusieurs vestiges d'églises. Le mont Tabor fut occupé par un nombre non négligeable de moines et d'ermites. Après la destruction des lieux saints chrétiens du mont au XIIIe siècle, ce dernier est déserté, mais les fidèles continuent, au fil des années, d'y monter en pèlerinage, et c'est au milieu des ruines qu'ils viennent se rappeler la Transfiguration de Jésus de Nazareth devant ses trois apôtres Pierre, Jacques et Jean (Mt 17:1-9). Au XIXe siècle, des frères Franciscains prennent possession des lieux, où ils construisent un monastère, auquel, en 1919, s'ajoutera la construction de la basilique actuelle dont la construction s’achèvera en 1924. À partir de l'époque byzantine, et jusqu'à nos jours, le mont Tabor devient un lieu important de pèlerinage, malgré les dangers et les difficultés auxquels sont confrontés les pèlerins, suivant les périodes. Outre le côté religieux, bon nombre de touristes visitent le lieu pour admirer le panorama. Dans la liturgie catholique, l'autel du Saint-Sacrement est associé au mont Thabor.
    5.     La basilique de la Transfiguration

La basilique actuelle est construite par les Franciscains entre
La Basilique de la Transfiguration au Mont tabor
les années 1919 et 1924, d'après les plans de l'architecte italien Antonio Barluzzi. Ce dernier s'inspire des édifices religieux chrétiens que l'on trouve dans le Nord de la Syrie. La basilique est composée d'une nef centrale et de deux allées latérales, et est construite sur le tracé des vestiges de l'église de l'époque croisée, bâti par le prince de Galilée Tancrède. La charpente est faite en bois de pin. Le jour qui s'infiltre à l'intérieur de l'église est là pour rappeler la lumière divine
qui entoure Jésus au moment de la Transfiguration, comme il est écrit dans les Évangiles. Du fait des conditions climatiques et de l'humidité présentes au sommet du mont Tabor, le toit a été recouvert d'une couche d'étain. La mosaïque centrale, œuvre de l'artiste Vilani, représente Jésus entre Moïse et Élie, face à trois de ses disciples. L'architecte a inséré la construction de la basilique moderne dans les vestiges des constructions antérieures.
 Les deux tours surmontant l'entrée sont elles aussi construites
La Basilique de la Transfiguration au Mont Tabor
sur les restes de deux chapelles de l'époque médiévale, chacune d'elles symbolisant Moïse et Élie ; dans la première, sur la gauche, est représenté Moïse tenant les
Tables de la Loi sur le mont Sinaï ; dans la seconde, à droite, on voit représenté le prophète Élie lors de sa confrontation avec les disciples du dieu Baal sur le mont Carmel. À l'entrée, recouvertes aujourd'hui d'une grille, on remarque des marches creusées dans la roche, qui, à l'époque croisée, menaient à la crypte, sur les murs de laquelle on a retrouvé des inscriptions en grec et le dessin de croix[1].
Outre, cette description fournie par Wikipédia, Paulin Lemaire estime que « vu de loin, le Thabor se dresse au-dessus de la plaine comme un autel que le créateur s’est érigé lui-même. Sa croupe arrondie domine comme celle d’un dôme, toute la contrée fertile qui l’entoure d’une riche parure. Sa beauté le faisait comparer à l’Hermon, dont la majesté est plus grandiose mais non aussi gracieuse »[2].
 Eugenio Hoade, pour sa part, atteste que la montée pour le Tabor commence à Deburijeh. Le Mont est haut de 588 m par rapport au niveau de la mer et de 450 m de sa vue circulaire.  Rendu fameux à partir de la victoire de Barac, aux ordres de Déborah, devient encore plus fameux suite à la Transfiguration du Seigneur. Ce lieu passa directement aux moines Bénédictins (les ruines du monastère sont encore visibles au nord de l’actuelle basilique) qui construisirent une belle église entourée des murs fortifiés. Détruite de nouveau, fut donnée aux Franciscains en 1631. L’on acheva la construction de l’actuelle basilique en 1924[3].
Lorsque Paulin Lemaire en parle, ajoute que dès la conquête de la Terre promise, les Hébreux firent du Thabor un lieu de ralliement et de refuge. C’est là que Déborah rassembla les vaillants Israelites, accourus à son appel pour  libérer les tribus opprimées (Juges IV). Plus d’une fois encore, cette montagne devait être témoin de luttes épiques. Durant la guerre de 66-70 après J. C., Flavius Josèphe la fortifie par une enceinte de 3 à 4 km de pourtour. Mais le général romain Placide attira la garnison dans la plaine et, l’ayant massacrée, s’empara de la forteresse. A l’époque byzantine, le mont  se couvrit des monastères que ruina l’invasion arabe. Les croisés y élevèrent une grande abbaye pour les moines Bénédictins qui, après la bataille de Hattin, en 1187, furent obligés d’abandonner le Thabor. Après de nombreuses vicissitudes, trop longues à énumérer ici, le Sultan Bibars, en 1263, fit raser tout ce qui rappelait la piété chrétienne sur la montagne. Les Franciscains établis à Nazareth y vinrent célébrer, souvent au péril de leur vie, les saints mystères. En 1631, ils purent s’établir au Thabor. Au siècle denier, ils y entreprirent des fouilles qui ont remis au jour les ruines de l’ancienne basilique. Aujourd’hui, un splendide Sanctuaire accueille le pèlerin sur la montagne qui a vu la gloire du Fils unique de Dieu[4].
 
Conclusion

La Transfiguration en trois colonnes dans les évangiles synoptiques, nous a porté à découvrir la glorieuse manifestation du Père en son Fils Bien aimé. Sa dimension pascale nous a fait comprendre qu’il s’agit, ici, de la manifestation glorieuse du Seigneur tandis que sa dimension eschatologique  nous suggère que le jour où le Christ ressuscitera les morts, rendra nos pauvres corps pareils à son corps glorieux (Prière Eucharistique III : Intercession pour les défunts).
Aussi la présence de Moise et Elie atteste-t-elle que, en Jésus, s’accomplit toute l’économie du salut en ce sens que Jésus est l’accomplissement de la Loi et des prophètes.  
Le Mont Tabor, vue sa splendeur et son histoire dans les grandes religions, garde son importance dans le mystère de la manifestation du Seigneur. Ce qui explique que ce lieu attire des milliers de pèlerins du monde entier pour y célébrer la gloire de Seigneur.









BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES

1  P. LEMAIRE, Petit guide Terre Sainte, 4è éd., Editions                                    Franciscaines, Jérusalem,    1956             
2. E. HOADE, Petit guide de Terre Sainte, Franciscain printing   
                         press, Jérusalem, 1973.

OUTIL
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Thabor_(Isra%C3%ABl)














[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Thabor_(Isra%C3%ABl)
[2] P. LEMAIRE, Petit guide de Terre Sainte, Imprimerie des PP. Franciscains, Jérusalem, 1956, p. 273.
[3] Cf.  E HOade, Piccola guida della Terra Santa,   
                           Franciscan Printing Press, Jérusalem, 1973, p. 161.
Cet paragraphe  a été traduit de l’Italien.
[4] Cf. P. LEMAIRE, Petit guide Terre Sainte, p. 274-275.