INTRODUCTION
La Transfiguration est racontée dans les Evangiles
synoptiques
comme la manifestation anticipée de la gloire du Seigneur et la
prophétie de sa venue du Père. Ce qui met en lumière la dimension pascale et
eschatologique de la vie chrétienne. La parole du Père annonce clairement
l’adoption de ceux qui écoutent et suivent les pas de Jésus pour en faire
participants au mystère de la Transfiguration future et éternelle.
Image de la Transfiguration |
C’est bien cela le trait d’union des Evangiles selon
Saint Matthieu, Saint Marc et Saint Luc, dits synoptiques à cause de leurs
ressemblances, c’est-à-dire ayant une même vision. Ils racontent le récit de la
Transfiguration avec un regard commun et peuvent etre lus en colonnes. Parmi les éléments communs, nous
soulignons les noms de trois apôtres (Pierre, Jacques et Jean), Moise et Elie, et une haute monte montagne.
Le nom de cette dernière ne revient pas.
Et pourquoi le Mont Tabor ? Nous le découvrirons dans ce travail. Quelques
auteurs nous aideront à répondre à cette préoccupation. Ainsi l’objectif de cet
écrit sera atteint sans aucune prétention d’être exhaustif. Lisons d’abord
l’Evangile avant de parler du Mont Tabor.
I.
La Transfiguration dans les Evangiles synoptiques
Matthieu 17, 2-9
1 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre,
Jacques, et Jean son frère, et les emmène, à l'écart,
sur une haute montagne
Et il fut transfiguré devant eux: son visage
resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.
3 Et voici que leur apparurent Moïse et Elie, qui s'entretenaient avec lui. 4
Pierre alors, prenant la parole, dit à Jésus: "Seigneur, il est heureux
que nous soyons ici; si tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour toi,
une pour Moïse et une pour Elie." 5 Comme il parlait encore, voici qu'une
nuée lumineuse les prit sous son ombre, et voici qu'une voix disait de la nuée:
"Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le."
6 A cette voix, les disciples tombèrent sur leurs faces, tout effrayés. 7 Mais
Jésus, s'approchant, les toucha et leur dit: "Relevez-vous, et n'ayez pas
peur."8 Et eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus,
seul. 9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre:
"Ne parlez à personne de cette vision, avant que le Fils de l'homme ne
ressuscite d'entre les morts.
Marc 9, 2-9
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre,
Jacques et Jean et les emmène seuls, à l'écart, sur une haute montagne. Et il
fut transfiguré devant eux 3 et ses vêtements devinrent resplendissants, d'une
telle blancheur qu'aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. 4 Elie
leur apparut avec Moïse et ils s'entretenaient avec Jésus. 5 Alors Pierre,
prenant la parole, dit à Jésus: "Rabbi, il est heureux que nous soyons ici;
faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie."
6 C'est qu'il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur. 7 Et
une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée:
"Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le."8 Soudain, regardant
autour d'eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux. 9 Comme ils
descendaient de la montagne, il leur ordonna de ne raconter à personne ce
qu'ils avaient vu, si ce n'est quand le Fils de l'homme serait ressuscité
d'entre les morts.
Luc 9, 28-36
28 Or il
advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre,
Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. 29 Et il advint, comme il
priait, que l'aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d'une
blancheur fulgurante. 30 Et voici que deux hommes s'entretenaient avec lui:
c'étaient Moïse et Elie 31 qui, apparus en gloire, parlaient de son départ,
qu'il allait accomplir à Jérusalem. 32 Pierre et ses compagnons étaient
accablés de sommeil. S'étant bien réveillés, ils virent sa gloire et les deux
hommes qui se tenaient avec lui. 33 Et il advint, comme ceux-ci se séparaient
de lui, que Pierre dit à Jésus: "Maître, il est heureux que nous soyons ici;
faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie":
il ne savait ce qu'il disait. 34 Et pendant qu'il disait cela, survint une nuée
qui les prenait sous son ombre et ils furent saisis de peur en entrant dans la
nuée. 35 Et une voix partit de la nuée, qui disait: "Celui-ci est mon
Fils, l'Elu, écoutez-le." 36 Et quand la voix eut retenti, Jésus se trouva
seul. Pour eux, ils gardèrent le silence et ne rapportèrent rien à personne, en
ces jours-là, de ce qu'ils avaient vu.
II.
Le Mont Tabor
Le Mont Thabor, ou Mont Tabor, est une montagne isolée de
588
mètres d'altitude située au cœur de la Galilée, en Israël. La
route en zigzag est de 4km, des pieds jusqu'au sommet de la montagne.
Le Mont Tabor |
1.
Géographie
Du haut de ses 588 mètres, le Mont Tabor domine les vallées
2.
Historique
Durant son histoire, le mont Tabor a rarement été occupé. Il revêt
cependant une importance stratégique et religieuse. Les témoignages historiques
y font peu allusion, mais son nom est toujours lié à des évènements dramatiques
et décisifs, tantôt relatifs aux guerres, tantôt aux religions. Ainsi en est-il
aux époques du Premier et du Second Temple, ainsi qu'à celles byzantine et croisée dont les Hospitaliers tiennent la forteresse de 1255 à 1263. Les étonnants vestiges
archéologiques découverts en son sommet sont eux aussi de nature ou religieuse,
ou stratégique, et parmi eux, des églises, des monastères et des
fortifications. On ne retrouve, par contre, aucun reste d'habitation. Le mont
Tabor est mentionné dans les trois principales religions monothéistes.
3.
Tradition juive
Dans la bénédiction que prodigue Moïse à Zabulon et Issachar (Deutéronome 33,19), allusion
est faite au mont Tabor, qui représente aux yeux des tribus alentours un lieu
saint (Juges 4). Il
semblerait que le mont Tabor soit déjà vénéré par les Cananéens. À l'époque du Second Temple, on allumait des feux sur le sommet du mont,
afin d'annoncer les débuts de mois et les jours de fêtes. Dans la tradition rabbinique, le mont Tabor a été épargné du Déluge.
4.
Tradition
chrétienne
Dans la tradition chrétienne (depuis le IVe siècle), le mont Tabor est lié à l'événement de la Transfiguration. Bien qu'il ne soit pas explicitement mentionné dans le Nouveau
Testament, le mont Tabor est lié à
l'évènement depuis les temps anciens, et l'on trouve, en son sommet, plusieurs
vestiges d'églises. Le mont Tabor
fut occupé par un nombre non négligeable de moines et d'ermites. Après la destruction des lieux saints chrétiens du mont au XIIIe
siècle, ce dernier est déserté, mais
les fidèles continuent, au fil des années, d'y monter en pèlerinage, et c'est au milieu des ruines qu'ils viennent se rappeler la
Transfiguration de Jésus de Nazareth devant ses trois apôtres Pierre, Jacques et Jean (Mt 17:1-9). Au XIXe
siècle, des frères Franciscains prennent possession des lieux, où ils construisent un monastère, auquel, en 1919, s'ajoutera la construction de
la basilique actuelle dont
la construction s’achèvera en 1924. À partir de l'époque byzantine, et jusqu'à
nos jours, le mont Tabor devient un lieu important de pèlerinage, malgré les dangers et les difficultés auxquels sont confrontés les
pèlerins, suivant les périodes. Outre le côté religieux, bon nombre de
touristes visitent le lieu pour admirer le panorama. Dans la liturgie catholique,
l'autel du Saint-Sacrement est associé au mont Thabor.
La basilique
actuelle est construite par les Franciscains entre
les années 1919 et 1924, d'après les plans de l'architecte italien Antonio
Barluzzi. Ce dernier s'inspire des
édifices religieux chrétiens que l'on trouve dans le Nord de la Syrie. La basilique est composée d'une nef centrale et de deux allées latérales, et est construite sur le tracé des
vestiges de l'église de l'époque croisée, bâti par le prince de Galilée Tancrède. La charpente est faite en bois de pin. Le jour qui s'infiltre à
l'intérieur de l'église est là pour rappeler la lumière divine
La Basilique de la Transfiguration au Mont tabor |
Les deux tours surmontant l'entrée sont elles
aussi construites
sur les restes de deux chapelles de l'époque médiévale,
chacune d'elles symbolisant Moïse et Élie ; dans la première, sur la
gauche, est représenté Moïse tenant les Tables de
la Loi sur le mont Sinaï ; dans la seconde, à droite, on voit représenté le prophète Élie lors
de sa confrontation avec les disciples du dieu Baal sur le mont Carmel. À l'entrée,
recouvertes aujourd'hui d'une grille, on remarque des marches creusées dans la
roche, qui, à l'époque croisée, menaient à la crypte, sur les murs de laquelle on a retrouvé des inscriptions en grec et le dessin de croix[1].
La Basilique de la Transfiguration au Mont Tabor |
Outre, cette
description fournie par Wikipédia, Paulin Lemaire estime que « vu de loin, le Thabor se dresse au-dessus de
la plaine comme un autel que le créateur s’est érigé lui-même. Sa croupe
arrondie domine comme celle d’un dôme, toute la contrée fertile qui l’entoure
d’une riche parure. Sa beauté le faisait comparer à l’Hermon, dont la majesté
est plus grandiose mais non aussi gracieuse »[2].
Eugenio Hoade, pour sa part, atteste que la montée
pour le Tabor commence à Deburijeh. Le Mont est haut de 588 m par rapport au
niveau de la mer et de 450 m de sa vue circulaire. Rendu fameux à partir de la victoire de
Barac, aux ordres de Déborah, devient encore plus fameux suite à la
Transfiguration du Seigneur. Ce lieu passa directement aux moines Bénédictins
(les ruines du monastère sont encore visibles au nord de l’actuelle basilique)
qui construisirent une belle église entourée des murs fortifiés. Détruite de
nouveau, fut donnée aux Franciscains en 1631. L’on acheva la construction de l’actuelle
basilique en 1924[3].
Lorsque Paulin
Lemaire en parle, ajoute que dès la conquête de la Terre promise, les Hébreux
firent du Thabor un lieu de ralliement et de refuge. C’est là que Déborah
rassembla les vaillants Israelites, accourus à son appel pour libérer les tribus opprimées (Juges IV). Plus
d’une fois encore, cette montagne devait être témoin de luttes épiques. Durant
la guerre de 66-70 après J. C., Flavius Josèphe la fortifie par une enceinte de
3 à 4 km de pourtour. Mais le général romain Placide attira la garnison dans la
plaine et, l’ayant massacrée, s’empara de la forteresse. A l’époque byzantine,
le mont se couvrit des monastères que
ruina l’invasion arabe. Les croisés y élevèrent une grande abbaye pour les
moines Bénédictins qui, après la bataille de Hattin, en 1187, furent obligés
d’abandonner le Thabor. Après de nombreuses vicissitudes, trop longues à énumérer
ici, le Sultan Bibars, en 1263, fit raser tout ce qui rappelait la piété chrétienne
sur la montagne. Les Franciscains établis à Nazareth y vinrent célébrer,
souvent au péril de leur vie, les saints mystères. En 1631, ils purent s’établir
au Thabor. Au siècle denier, ils y entreprirent des fouilles qui ont remis au
jour les ruines de l’ancienne basilique. Aujourd’hui, un splendide Sanctuaire accueille
le pèlerin sur la montagne qui a vu la gloire du Fils unique de Dieu[4].
Conclusion
La
Transfiguration en trois colonnes dans les évangiles synoptiques, nous a porté
à découvrir la glorieuse manifestation du Père en son Fils Bien aimé. Sa
dimension pascale nous a fait comprendre qu’il s’agit, ici, de la manifestation
glorieuse du Seigneur tandis que sa dimension eschatologique nous suggère que le jour où le Christ
ressuscitera les morts, rendra nos pauvres corps pareils à son corps glorieux
(Prière Eucharistique III : Intercession pour les défunts).
Aussi la
présence de Moise et Elie atteste-t-elle que, en Jésus, s’accomplit toute l’économie
du salut en ce sens que Jésus est l’accomplissement de la Loi et des prophètes.
Le Mont Tabor, vue sa splendeur
et son histoire dans les grandes religions, garde son importance dans le
mystère de la manifestation du Seigneur. Ce qui explique que ce lieu attire des
milliers de pèlerins du monde entier pour y célébrer la gloire de Seigneur.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
1
P. LEMAIRE, Petit guide Terre Sainte, 4è éd.,
Editions Franciscaines, Jérusalem, 1956
2. E. HOADE, Petit guide de Terre Sainte, Franciscain printing
press, Jérusalem,
1973.
OUTIL
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Thabor_(Isra%C3%ABl)
[1]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Thabor_(Isra%C3%ABl)
[2] P. LEMAIRE, Petit
guide de Terre Sainte, Imprimerie des PP. Franciscains, Jérusalem, 1956, p. 273.
[3] Cf. E HOade, Piccola guida della Terra Santa,
Franciscan Printing Press, Jérusalem,
1973, p. 161.
Cet paragraphe a été traduit de l’Italien.
[4] Cf. P. LEMAIRE, Petit guide Terre Sainte, p. 274-275.